Je sais… je sais… j’ai appelé ainsi l’année 2003 et toutes celles qui l’ont
suivie. Sous nos cieux, toutes les années sont celles du dragon (‘aam elghoul).
Une manière de dire la fragilité d’un pays qui se cherche, un pays qui n’en
finit pas de se chercher et qui n’arrive pas à se retrouver. D’une société
émiettée et déstructurée qui n’arrive pas à réhabiliter ses valeurs originelles
tout en refusant de s’adapter au monde auquel elle est sensée appartenir.
Le grand évènement de l’année 2012 aura été cet accident malheureux dont a
été victime le Président de la République le 13 octobre dernier. Malheureux pour
ce qu’il a failli causer – la mort du Président en exercice -, mais aussi pour
ce qu’il a causé de …dommages collatéraux.
L’accident, comme tout accident du genre, nous a révélé quelques-uns de nos
défauts les plus prononcés. D’abord la propension au mensonge et la
décrédibilisation de la vérité. Ensuite la vacuité du discours politique qui se
trouve réduit à son expression la plus triviale. Enfin la méchanceté – parfois gratuite
si ce n’est pas souvent – des protagonistes.
L’accident a aussi révélé que le pays pouvait fonctionner normalement
malgré l’absence du chef qu’on qualifiait d’absolu, que le système est assez
consistant pour fonctionner dans les pires des conditions et que la population
n’est pas prête à suivre tous les «appels d’air» qui se créent avec vocation d’aspirer
le pays et de l’entraîner au milieu d’un tourbillon.
Les ennemis du régime auront tout essayé pendant cette épreuve, mais rien n’a
été ébranlé. Quelles leçons faut-il en tirer ?
Il faut adopter une approche
plus raisonnée, plus réfléchie, finalement plus politique pour permettre à la
Mauritanie d’affermir le processus démocratique et de renforcer l’Etat de
droit. Pas travailler continuellement et inlassablement pour conquérir un
pouvoir dont on ne saura pas quoi faire le jour où il vous échoit entre les
mains.