L’affluence
n’était certainement pas au rendez-vous, même s’il y avait assez de monde –
surtout de jeunes. Ils étaient certes excités, ce qui donnait une ambiance
particulièrement chaude. L’ambiance a été entretenue par un grand chanteur qui
a repris quelques morceaux d’anthologie dans le répertoire dédié aux louanges
du Prophète (PSL). Quelques moments de rêveries et de souvenirs faisant régner
une atmosphère mélancolique qui nous rappelait que «la musique adoucit les
mœurs». Place à l’évènement…
L’ambiance
est surchauffée quand Birame Ould Abeid fait son entrée accompagnée de son
épouse. Bien encadré par «ses» hommes, le couple s’installe sur le
podium après avoir fait le tour des rangées des invités. On sacrifie à la
tradition des Sourates lues par Imam naturellement haratine. Puis, moins «traditionnelle»,
la séance de l’hymne national. Brahim Ould Abeid qui fait le maître de
cérémonie donne la parole immédiatement à Birame qui commence en Arabe avant de
faire le discours en Français. «Il s’adresse à qui d’abord ?» se
demande quelqu’un avec une pointe de malice. Puis, sans laisser place à une
réponse, il ajoute : «C’est sans doute un discours destiné à la
consommation extérieure». Pourquoi ? «En fait, explique un
proche de Birame qui a tout entendu, Birame pense que s’il commence à
discourir en Arabe, le public partira dès que la traduction est engagée, alors
il retient la foule en majorité arabophone…»
Une
longue introduction sur le parcours de Birame Ould Dah Ould Abeid, militant des
Droits de l’Homme, objet de toutes les tracasseries de la part des autorités, consacré
par le Prix 2013 des Droits de l’Homme des Nations-Unies, aujourd’hui candidat
à la présidence de la République.
«Je
vais à l’assaut du fauteuil présidentiel». Avant même que ne soient fixées
les échéances, Birame Ould Dah est le premier à exprimer son désir d’y aller. Pour
ce faire il tient à rassurer. Son projet vise à cultiver la solidarité entre
les communautés mauritaniennes, pas à les mettre face à face. Il est «le
Président des riches» parce qu’il souhaite voir tous les mauritaniens
s’enrichir. Il n’est pas une menace pour les riches parce que son projet vise «à
boucher les trous par lesquels la violence peut arriver. Par la juste
redistribution des richesses, par l’instauration de l’Etat de droit, l’égalité
des citoyens, la mise à mort du racisme…» et d’affirmer : «Les gens qui ont des biens peuvent dormir
tranquille, aucune vague de violence ne va venir menacer leurs biens accumuler
avec beaucoup d’endurance. Je voudrais rassurer aussi ce qui
ont peur pour leurs enfants, des enfants qui ont étudié séparément, qui
habitent dans des quartiers différents, je les rassure car au bout de mon
engagement, il y a l’unité car je combats le spectre de la confrontation et de
la violence».
La candidature est celle «de la rupture, du renouveau
politique parce qu’elle propose des changements fondamentaux dans les
propositions. Jusque-là, la classe politique traditionnelle a été incapable de
faire autre chose que la duplication des programmes, d’où son échec. Il s’agit
maintenant de rompre avec les vieux schémas».
Mais pour éviter toute équivoque, il a martelé : «Birame
Ould Dah Ould Abeid restera Birame…» Comme pour dire que l’engagement politique en vue d’une élection
ne changera rien à l’homme qu’il est jusqu’à présent. C’est ainsi que le combat
pour les droits peut mener fatalement à la politique. Pour Birame, cela découle
de soi.
Depuis son retour du siège des Nations-Unies où il a été
distingué, Birame Ould Dah Ould Abeid n’a pas hésité une seconde à s’en prendre
à la presse, aux leaders d’opinion, aux religieux, aux politiques, finalement à
toute l’élite qu’il a qualifiée d’esclavagiste au service de l’obscurantisme.
A-t-il changé d’appréciation vis-à-vis des journalistes qu’il a invités
massivement ce jour-là ? ou est-ce une attitude campagne ?