Le
boycott d’une partie de l’Opposition des élections à venir peut-il avoir une
influence sur le processus politique et laquelle ? C’est la question qu’on
se pose déjà. La réponse à la question
dépend du déroulement des élections. Il ne s'agit pas ici de savoir si les
partis «boycottistes» de la COD vont réussir à «faire échouer»
ces élections. Comment s’y prendraient-ils ? En empêchant les gens de s’y
rendre ? En mobilisant la rue et en faisant craindre le pire ? En
discréditant d’avance les résultats et en accablant ceux qui y participent ?
Rien
ne sera épargné certainement, mais le résultat sera le même : les élections
auront lieu et nous aurons leurs résultats. A partir de ce moment-là, il faut
voir quel sera le comportement des partis ayant participé. Est-ce que Tawaçoul,
APP et Wiam vont reconnaitre facilement les résultats et aller de l’avant ?
Ou vont-ils – tous ou l’un d’eux – chercher à «compliquer» la situation
politique d’après-élections pour faire plus pression sur le pouvoir ? En
Mauritanie tout est prévisible. Rappelons-nous comment l’Opposition avait remis
en cause les résultats de l’élection présidentielle de 2009 après l’avoir cogérée
en ayant les ministères-clés pour une élection : l’intérieur sensé être l’outil
de la fraude, les finances sensé être celui de la corruption, la communication
qui est associé à la propagande et la défense (contrôle de l’Armée). Cela n’a
pas empêché la majorité des partis d’opposition – seul Tawaçoul a évité cette
position-là – de contester la légitimité de l’élection.
On
peut donc avoir les élections les plus régulières de l’histoire du pays (sans
interférence des autorités, avec une possibilité de garanties maximales, avec
des outils qui limitent considérablement la fraude…) et, en même temps, avoir
les élections les plus contestées. On est en Mauritanie.
La
campagne touche à sa fin. On a vu les partis rivaliser autour de photos plus
que de programmes. Mais les partis en Mauritanie n’ont jamais confronté leurs
programmes (pour ceux qui en ont). La bataille a toujours été une bataille de
personnes et de leadership parfois au niveau de la «particule clanique».
C’est le «pousses-toi que je m’y mette» qui l’emporte plus que des
arguments idéologiques ou volontaristes.
Au
regard de cette campagne, le taux de participation pourrait être très bas à
Nouakchott où l’on risque de revenir aux taux des années 90 quand une
circonscription comme Tevraq Zeina peinait à atteindre les 25% alors qu’elle
est le lieu de résidence de tous les cadres du parti au pouvoir (PRDS) et qu’elle
est un haut-lieu de fraude et de bourrage des urnes. Il y a certes la
désaffection du politique qui a gagné les esprits depuis 2006, mais il y a
aussi le «manque de stimulants».
Les
pratiques passées ont ancré ce rapport à la politique qui se juge d’abord par
ce que le positionnement rapporte. Force est de reconnaitre que l’argent ne
circule pas dans les mêmes proportions que par le passé. En l’absence de l’argent
qui reste «le nerf de la guerre», on pouvait se rabattre sur le
militantisme donc sur les discours et les programmes. Ils sont vides ou
presque. On pouvait mettre en exergue les personnalités des candidats :
ils sont pour la plupart ternes, délavés avant d’être utilisés, sans envergure
et «sans signes particuliers»… La plupart des candidats qui se proposent
ont l’air de fantômes, tellement ils sont insaisissables, tellement ils ne ressemblent à rien…
«Hadha huwa iljaabit ishshibka»… C’est le sort
que nous devons accepter parce que la scène n’a finalement produit que cela. Notre
Assemblée nationale de demain sera ainsi faite. La participation de toutes les
forces politiques mauritaniennes aurait-elle changé quelque chose à cela ?
Peut-être si l’on elle aurait évité la montée de certaines petites formations
qui n’ont guère de signification. Peut-être pas dans la mesure où la capacité
de proposition de l’ensemble des acteurs a déjà été mise à l’épreuve. Sans résultat
probant.