Le
20 octobre 2011, les chaînes arabes d’abord, occidentales ensuite exposaient
les faits à leurs manières : les premières en donnant les détails d’une
mort qui fut en fait une exécution après tortures et sévices, les seconds en s’arrêtant
sur le rôle ô combien «glorieux» des services de renseignements de leurs pays.
La nouvelle était : la mort de Kadhafi.
Cette
mort aurait pu signifier la fin d’une ère et l’avènement d’une autre. Après 42
ans de règne sans partage, marqué par l’exercice continu de l’arbitraire et
après avoir été l’un des plus grands suppôts du Satan occidental, Kadhafi rendait
l’âme après avoir été fait prisonnier par un groupe de rebelles qui lui ont
fait subir les pires sévices (viol, tortures…) avant de l’exécuter froidement.
Certes
la Libye avait besoin de se débarrasser du dictateur, mais était-ce la bonne
manière ? Certainement non ! D’abord on aurait voulu le dictateur
trainé devant les tribunaux de la Cour pénale internationale ou ceux de son
pays. Le voir s’expliquer, regretter, demander pardon… Mais à part nous,
personne ne voulait du déballage qu’aurait occasionné ces procès. Ni les
puissances occidentales qui flirtaient avec le régime et l’aidaient à réprimer
ses oppositions. Ni les dirigeants arabes complices de l’équipée de l’OTAN
contre le Guide de la Révolution libyenne.
Mais
la mort – de la sorte – de Kadhafi posait un autre problème, celui de l’impossible
réconciliation sociale. Dans une société fortement tribalisée, l’exposition du cadavre
pendant quelques jours par les rebelles, a sonné le glas d’une retrouvaille
possible. Il y a quelques semaines, le principal instigateur de l’assassinat de
Kadhafi a été retrouvé, gisant dans son sang, violé, victime de sévices
immondes… Transféré d’urgence en France où il est admis comme réfugié
humanitaire, il finit par rendre l’âme. Certains de ses compagnons de l’époque
se trouveraient encore entre les mains de geôliers plus barbares qu’eux. C’est
la loi du talion qui semble s’exercer.
Aujourd’hui, c’est Bani Walid qui s’embrase. Sous prétexte
d’en chasser les «résidus» de l’ancien régime, l’Armée libyenne nouvellement
constituée a donné l’assaut à la ville. Retour sur les images de 2011 : l’exode
des populations, le massacre des innocents, la destruction des infrastructures…
Avec une différence : cette fois-ci, c’est l’Armée nationale qui les cause
et non les bombardiers de l’OTAN. Mais quelle différence pour les libyens
démunis ?