J’ai
été invité hier par les gens de l’Union pour la République (UPR) à une
cérémonie que je croyais l’occasion de débats. A l’image de ce qui s’était
passé avec les Islamistes de Tawaçoul la semaine dernière. Comme la direction
du parti au pouvoir est sortante de cette école politique, j’avais cru qu’on
aurait droit à la même ouverture. Je me trompais…
En
fait, il s’agissait d’une cérémonie de lancement des missions devant aller à l’intérieur
«porter la bonne parole». Tous les ministres et cadres de la haute
administration étaient là. C’est Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, le
président du parti qui a fait un discours à l’occasion. Les aspects politiques
du discours, ont été noyés dans une littérature plutôt «aiguisée», celle que
nos groupuscules politiques adorent utiliser. Une littérature qu’on retrouve actuellement
dans tous les discours et qui a la particularité de prétendre au complot, aux
traitres, aux ennemis de la Nation, à ce qui reste (in)traductible comme le
concept «murjivvine»… Finalement, les mêmes litanies que le camp d’en face.
Dommage
pour Ould Mohamed Lemine, un homme de consensus au sein d’un chaos où l’on
cherche à reproduire les réflexes du passé. L’UPR n’arrive pas à se libérer du
poids de la pratique politique ancienne. Il n’arrive pas à développer un
discours et une stratégie propres. Et, pour simplifier, je dirai qu’il vit,
comme toute la Majorité, aux dépens du Président Ould Abdel Aziz. Ils bouffent
jusqu’à présent sur l’actif de l’homme. Sans lui apporter grand-chose. C’est
bien ici qu’il faut situer la faiblesse majeure du pouvoir actuel.
Chaque
cycle d’objection et d’opposition – nous vivons l’activité et le positionnement
politique comme des cycles, souvent contradictoires -, oblige le Président de
la République à sortir lui-même de sa réserve, à occuper l’arène.
La
bataille ne se situe pas au niveau de la mise en valeur des acquis de la
première moitié du mandat de Ould Abdel Aziz. Parce que ceux qui appellent à
son départ, s’en foutent pas mal. Parce que les populations elles-mêmes voient ce
qui est fait et en profitent. TVM et Radio Mauritanie sont suffisants comme
outils de propagande pour les réalisations à mettre en exergue.
Le
débat, au niveau des partis politiques, doit être celui des projets, des
visions, des positionnements…
Dans
notre pays, nous avons besoin de voir nos partis militer, travailler pour la
promotion de l’égalité et de la citoyenneté. Nous avons des partis qui
instituent des aristocraties qui viennent se superposer à celles déjà
existantes (et déjà pesantes). Nous avons besoin de partis qui nous proposent
des solutions d’avenir, pour entrer dans le Modernisme. Nous avons des partis
qui perpétuent le flou artistique qui leur permet d’évoluer sans mérite. Nous avons
besoin de partis visant à raffermir la démocratie, à mettre fin à l’autorité
des intermédiaires devenus «grands électeurs». Nous avons des partis qui s’empressent
de récupérer les chefs politiques et notables traditionnels selon la même
logique électoraliste…
A
mi-mandat, le Président Ould Abdel Aziz a certes besoin de se relancer, d’asseoir
un système qui peut réellement le servir, et surtout l’accompagner. L’opportunité
ouverte par la mise en œuvre des résultats du dialogue va lui permettre quelques
refondations nécessaires.
Nous
avons désormais les élections législatives et communales en perspective. Espérons
que cela oblige notre classe politique à s’inscrire dans cette dynamique
politique constructive. Au lieu d’en rester à demander le départ d’un élu qui
est à mi-mandat ou à vouloir maintenir un statu quo qui lasse…