C’est un rapport que le Centre international de recherche et d'études sur le terrorisme et d'aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT) et le Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), viennent de rendre public qui donne l’alerte. Enfin. Ce qui se passe en Libye n’est pas aussi «évident» que semblent le croire Bernard-Henry Lévy et ses adeptes (dont le Président Nicolas Sarkozy).
Le rapport craint que l’on ne soit en face d’une machination qui a commencé par l’exagération de l’information concernant le bombardement par les forces de Kadhafi des civils et ce pour justifier l’intervention occidentale ; et qui a fini par auréoler les révolutionnaires de tous les qualificatifs positifs. Le rapport fait suite à une mission qui est d’abord allée en Tripolitaine (Tripoli) du 31 mars au 6 avril, ensuite en Cyrénaïque (Benghazi) du 19 au 25 avril.
Au-delà de l’idéologie fondamentaliste combattante que dégagent les discours et les comportements des «révolutionnaires», les experts ont été surpris par le refus du Conseil national provisoire (CNT) de présenter l’ensemble de ses membres. «Seuls les noms de 13 des 31 membres sont publics. L'identité des représentants de l'ouest libyen n'a pas été révélée pour des raisons "de sécurité". (...) Des raisons discutables». Pour la plupart des 13, il s’agit des apparatchiks du régime Kadhafi. Dont d’ailleurs Moustapha Abdel Jelil, président du CNT et ancien ministre de la justice du «Guide». Il a, en tant que juge, confirmé par deux fois la peine de mort contre les infirmières bulgares. Cette affaire dans laquelle le «Guide» avait bien voulu accorder le beau rôle à Sarkozy fraichement élu Président de la République. C’était au moment des amitiés douteuses.
Selon Eric Dénécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, «on est face à des individus qui sont extrêmement marqués dans leur comportement quotidien et leur volonté d'imposer leur système en allant jusqu'à imposer la charia». Ce qui n’est pas forcément un handicap s’il était sous-tendu par un projet d’Etat citoyen moderne. Mais rien que l’idéologie salafiste portée par une structuration hyper-tribalisée. Rien de bon.
«Les membres de la mission ont été très surpris par le caractère artificiel de cette "révolution" par procuration». N’est-ce pas ?
«La guerre civile a provoqué le retour chez eux de nombreux émigrés économiques, alors même que leurs pays connaissent un important chômage. Cet exode risque d'aggraver significativement la situation intérieure de ces États : ils perdent une source de revenus -celle des transferts de fonds des émigrés- et voient revenir chez eux des travailleurs qui vont grossir la masse des chômeurs et des insatisfaits». Pas de quoi torpiller l'initiative confiée par l'Union africaine à un panel de chefs d'Etats du continent.
Comme le dit le rapport personne ne peut pleurer Kadhafi, mais il y a lieu de se poser des questions.