J’ai appris que le directeur de la toute nouvelle Ecole de Mines de Mauritanie (EMiM), Professeur Baba Said a démissionné en début de semaine dernière. J’ai lu la lettre expliquant sa décision. En voici quelques extraits pour ceux qui l’auront raté : «A la suite de l’annonce, faite par Monsieur le Ministre mercredi dernier, de la décision prise par le Gouvernement de transférer l’Ecole de Mines de Mauritanie, avec ses deux composantes, à Akjoujt, j’ai décidé de démissionner du poste de Coordinateur du Projet. Le projet de l’Ecole de Mines, dans sa version actuelle, ne correspond plus à celui que l’on me confiait il y a de cela un an. (…) Une ouverture de l’Ecole en automne 2013 était envisagée.
(…) L’EMiM est censée s’inscrire dans une filière d’excellence. Elle devait offrir un débouché naturel aux élèves des Lycées d’excellence et se positionner comme étant un noyau structurant pour l’enseignement supérieur et la recherche scientifique en Mauritanie et notamment dans leur dimension technique.
Cette mission de l’EMiM, combinée avec son ambition internationale, dictait sa localisation près des autres établissements de l’Enseignement Supérieur et son raccordement aux réseaux de communication et aux grands axes de circulation. Le choix a été fait d’implanter le siège principal de l’EMiM à proximité du Campus de l’Université de Nouakchott et d’ouvrir une antenne de l’Ecole à Akjoujt (Centre de Technologie Minière) pour des raisons d’aménagement du territoire et de vocation minière de cette ville.
Ces choix ont été adoptés par le Comité d’Orientation de la Cellule chargée du Projet, actés par l’ensemble des Partenaires lors d’une table ronde organisée en septembre 2011 en présence de quatre ministres du Gouvernement. Nous avons été surpris, les Partenaires les premiers, d’apprendre, deux mois après, que la Tutelle avait décidé que l’EMiM ouvrira ses portes en novembre 2011 au lieu de novembre 2013, comme le prévoyait l’étude de faisabilité et comme acté par l’ensemble des intervenants, le Gouvernement compris. (…)
Les terrains ont été obtenus et visités par les délégations de Partenaires. Celui de Nouakchott jouxte le Campus de l’Université. Des locaux provisoires (salles de cours, internat et restauration) ont été réservés à Nouakchott. La campagne de promotion de l’Ecole a été lancée. Le concours d’entrée en première année est lancé. Le recrutement des futurs professeurs et du personnel technique est encours. Les statuts viennent d’être adoptés par le Comité d’Orientation. Les appels d’offre sont prêts à être lancés. Les conventions sont prêtes à être signées. (…)
Je n’ai rien contre l’idée d’installer une école d’Ingénieurs à Akjoujt, mais l’EMiM, dans mon entendement, n’est pas seulement une école d’ingénieurs. C’est aussi une formidable occasion de tirer l’ensemble de la filière de formation technique et d’enseignement supérieur vers le haut. Les moyens dont elle pourrait se doter peuvent constituer un vrai embryon de recherche scientifique. La place de cette école est au milieu du tissu éducatif et de formation déjà existant.
Telle était l’ambition de ce projet et la seule motivation qui m’animait en acceptant de le piloter. Le Centre de Technologie Minière, antenne de l’EMiM, avec son flux de 30 Techniciens Supérieurs par an, remplit parfaitement la mission d’aménagement de territoire que semble vouloir confier les Autorités aux établissements d’enseignement supérieur.
Je reste persuadé de la pertinence d’un tel projet et convaincu du rôle majeur que pourrait jouer une Ecole de Mines convenablement intégrée au système éducatif, de recherche et de formation technique en Mauritanie. Je voudrais, par ce courrier, vous exprimer, à tous, l’expression de ma gratitude pour les occasions que j’ai eues à travailler avec vous. J’espère que nos chemins se recroiseront un jour pour le bien de la Mauritanie et des Mauritaniens».
Rien à voir avec les raisons avancées par le personnel de l’institut supérieur des études islamiques, devenu université et devant être transféré à Aïoun. Aux arguments fallacieux présentés par les professeurs de l’Institut s’opposent le souci «rationnel» du jeune Professeur Baba Said.