Il y a quelques mois je fus invité
par un groupe de gens de lettres à partager une réflexion autour de la
traduction de la poésie locale en Français. Passer du Hassaniya, du Pulaar, du
soninké, du Wolof au Français n’est pas tâche facile. Grâce à la persévérance
de certains d’entre eux, nous étions parvenu quand même à traduire quelques chefs-d’œuvre
dont le poème (tal’a) de Baba Ould Haddar, l’un des éminents héritiers d’une
école qui a fait toute la grandeur du Sud-Ouest mauritanien et dont il reste l’une
des incarnations. Une traduction en deux temps que je vous livre ci-après :
«msha yaamis maa ‘adhamnaah
e’la Llaah el hamdu
liLlaah
wulyuum uura yaamis shifnaah
wuddahr ellaa dhakiivu taam
ilyuum içub’h ella vigvaah
subhaanak yalhay el
gessaam
dhaak issub’h ishviih u
shuraah
wajnaabu dhuuk ishviihum laam
had
il yuum u haadha mahtuum
viddahr
ilaa rad ittikhmaam
eddahr
ella yaamis wu lyuum
wuçub’h
eddahr ethlet eyaam»
Premier temps :
(hier est parti sans en exagérer/
devant Dieu son départ, Dieu merci/
aujourd’hui après hier on le voit/
et le Temps est comme cela/
aujourd’hui, demain le suit/
(Il faut trouver la traduction
exacte de ces prières)
et demain est là-bas, qu’y a-t-il
et quoi après/
que réserve-t-il dans ses
entrailles/
si quelqu’un, et c’est fatal/
médite le Temps aujourd’hui/
le Temps, c’est hier, aujourd’hui/
et demain, le Temps c’est juste trois
jours)
Deuxième temps :
(Hier est parti.
Sans en exagérer devant Dieu le
départ,
Dieu merci aujourd’hui après hier
se fait voir ;
et le Temps est comme cela et
demain est là-bas ;
quoi en cet endroit, et quoi après,
quoi dans ses entrailles,
si quelqu’un - et c’est fatal -
médite le Temps, aujourd’hui/
le Temps c’est juste hier aujourd’hui
et demain ;
le Temps c’est trois jours).