Ces
trois dernières années devaient être consacrées à la réalisation des promesses
faites par le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. A l’occasion
de son discours d’investiture, il avait dit que ce mandat sera consacré à la
réforme de la Justice, de l’administration, de la santé et de l’éducation.
Le
gouvernement nommé le 21 août 2014 avait pour mission justement de travailler pour
la réalisation de ces promesses. Même s’il a donné l’impression de s’activer,
aucun des projets qu’il a eu en charge de lancer ne s’est terminé dans les
délais. Ni les routes, ni les projets structurants comme ceux de l’eau en
Aftout ou au Dh’har, encore moins les lotissements nouveaux…
Plus
de trois ans, 42 mois au total… Nous ne pouvons que constater le recul dans les
domaines ciblés pour devenir des priorités. Occupé à corriger les erreurs de
ses collaborateurs immédiats, particulièrement de son gouvernement, le
Président n’a pas hésité une fois à monter lui-même au créneau pour remplir le
vide créé par l’indigence de ce gouvernement. Que ce soit à l’occasion de
campagnes politiques ou de réalisations en matière d’infrastructures.
Le
domaine où l’action de ce gouvernement a été le plus visiblement catastrophique
est celui de la communication. Jugez-en vous-mêmes.
Depuis
quelques années, la Mauritanie est leader aux plans arabe et africain en
matière de liberté de presse et d’expression. Avec notamment la libéralisation
de l’audiovisuel, le renforcement de la presse écrite et l’éclosion d’une
presse électronique très caustique. Ce qui a permis jusque-là de donner une
image d’un pays ouvert, pluriel et démocratique. Evitant ainsi l’exacerbation
des frustrations et l’explosion, sur la place publique, des mécontentements.
La
gestion du gouvernement de ce secteur a donné le résultat suivant :
-
Une seule chaine
de télévision privée émet aujourd’hui. Peu importe si c’est parce que les
autres refusent de payer des redevances dues, le résultat est là : alors
que TDM, la société de diffusion continue de payer le bouquet, celui-ci n’est
pas utilisé ;
-
La presse écrite
se meurt dans l’indifférence. Expression majeure de la crise qu’elle
traverse voire de sa faillite annoncée : la pénurie récente de papier au
niveau de l’imprimerie nationale qui a vu, pour la première fois de l’Histoire
du pays, disparaitre pour une décade les quotidiens officiels (Chaab et
Horizons) ;
-
La presse
électronique est, elle, noyée dans un flot de sites alimentés et entretenus par
les cabinets ministériels, souvent par les premiers responsables eux-mêmes.
C’est
le résultat qu’on pouvait attendre de l’action d’un gouvernement qui veut tout
domestiquer.
Il
ne faut pas croire ici que la domestication des expressions et de la presse est
destinée à mieux servir le régime, le Président ou son système. Que
nenni ! C’est juste pour en faire des thuriféraires pour ceux qui tiennent
la bourse et le pouvoir coercitif actuellement.
Vous
voyez des textes d’une rare violence contre le Président et sa famille, publiés
sur les sites réputés être à la solde de ces cabinets. Et qui, un titre plus
loin, noient leurs commanditaires sous un flot de louanges qui n’ont aucune
raison d’être.
Le
recul que le pays pourrait connaitre dans le classement de RSF risque d’être
sans précédent. Parce que le gouvernement a agi à l’encontre de la volonté
politique du Président Ould Abdel Aziz qui a fait de la liberté de la presse un
cheval de bataille. Où en est-on aujourd’hui ?
Il
y a bien sûr une liberté d’expression qui s’apparente à un laisser-aller
tellement elle est vidée de sens. Comme elle est sans effet parce qu’elle n’a
plus de cadre pour s’exercer publiquement.
Autant
dire que le recul est net et sans appel.