Ces
nuits de «dhuul ennawba vinnawba», ce qu’on appelle chez nous «la bouche de l’hiver»
et qui correspond à la fin d’un automne particulièrement court sous nos
latitudes, en ces nuits la lune apparait dans toute sa splendeur.
Je
commence à méditer la relation que nous avons avec ce satellite de notre
planète et qui, en reflétant les rayons du soleil vers nous, nous donne l’impression
d’émettre une lumière qui nous enchante souvent. C’est ce qui m’arrive ce
soir-là…
Quand
je pense à toutes les merveilles paroles composées par les poètes arabes et où
la lune est au centre de l’impression, tantôt comme muse en elle-même, tantôt
comme incarnation de la bien-aimée, tantôt comme compagnon d’une longue de nuit
de rendez-vous, ou comme témoin d’un moment de délices amoureuses… Je me dis
que les poètes hassanophones n’ont pas eux célébré la lune. Pas un gaav, pas
une tal’a où l’on retrouve une évocation heureuse (ou malheureuse de la lune). Cherchez
dans les plus grands répertoires des plus grands poètes, vous ne trouverez rien
pour consacrer la lune et sa beauté. Pourtant la plus belle nuit pour nous est
celle où la lune est pleine. Mais seulement quand on parle, quand on raconte. Pas
quand on compose. Pourquoi ?
J’ai
cherché et je n’ai pas trouvé. Il y a quelques années j’en discutais avec un
poète hors catégorie. Nous n’avions trouvé qu’une seule réponse que je permets
d’évoquer ici par pure provocation.
En
réalité dans la manière de gérer les relations amoureuses dans la société
Bidhâne traditionnelle, la lune n’est pas un allié de l’amoureux qui se faufile
en pleine nuit, profitant de la pénombre, contournant les espaces animés, pour
rencontrer la dulcinée. Parfois la démarche demande tout un art du camouflage
parce que l’amoureux doit se rendre sous la tente où dort l’aimée, pour l’y
réveiller, discuter et flirter éventuellement.
Dans
ce cas il faut dire que la lune n’est pas ce compagnon qui éclaire des moments
heureux, mais un ennemi qui met à nu des manigances qui auraient dû rester
cachées. Alors nos poètes hassanophones ont décidé de faire la …tête à la lune
qu’ils ont exclue de leurs nombreuses sources d’inspirations. Voilà probablement
pourquoi, le poète hassanophone peut chanter la lune dans un poème en Arabe
classique, mais jamais en dialecte Hassaniya.
A
méditer pour les jeunes.