A quelques encablures de la frontière entre le Mali et la
Mauritanie, les Jihadistes viennent de mener leur attaque la plus spectaculaire
et la plus meurtrière. A Nampala au Mali, le bilan provisoire se chiffre à neuf
tués au sein de l’armée régulière malienne. On parle aussi d’otages pris par
les assaillants au moment de leur retrait.
Selon les informations fournies çà et là, les assaillants auraient
pénétré dans la ville au petit matin à bord de motos et à pieds. Ce qui indique
que leur point de départ n’est pas loin. Ils ont pris possession des bâtiments
officiels sur lesquels ils ont hissé le drapeau noir frappé de la profession de
foi des Musulmans. Ce drapeau qui est d’abord celui d’Al Qaeda au Maghreb
Islamique (AQMI) avant d’être le signe de reconnaissance de ceux de l’Etat
Islamique (Da’esh). Parmi les assaillants, il y aurait surtout des Peulhs et
des Touaregs, selon certaines sources.
Côté malien, on estime que les assaillants sont partis de Wagadu,
cette forêt rendu célèbre par les incursions de l’Armée mauritanienne en 2010
et 2011 quand elle avait réussi, à elle seule, à empêcher l’établissement d’une
base terroriste en ce lieu. A l’époque, il faut le rappeler, la mauvaise
volonté du gouvernement Amadou Toumani Touré (ATT) et la complicité des
populations locales avaient empêché l’extermination des groupements de
combattants terroristes d’AQMI.
Même si côté mauritanien on ne déplore aucune incursion tout près
de notre frontière, il y a lieu de s’inquiéter des développements de l’insécurité
dans cette partie du Mali. En effet, la proximité des centres urbains désormais
cibles des terroristes, la fragilité des populations locales, la possibilité d’infiltration
d’éléments isolés, tout cela ne peut laisser indifférent ici.
L’inquiétude a d’ailleurs été exprimé par le Président de la
République Mohamed Ould Abdel Aziz lors de son déplacement à Conakry quand il a
jugé que cette attaque «est très grave parce que Nampala est au sud, et c’est
à la frontière avec la Mauritanie». Quelle réponse donner alors ?
Il est utile d’accélérer le processus de mise en place d’une force
sahélienne pour faire face à la menace qui s’étend à tous les pays dits du
champ, c’est-à-dire l’Algérie, le Niger, le Mali et la Mauritanie. Les chefs d’Etats
Major des Armées de ces pays se trouvent actuellement réunis à Alger où ils
essayent de trouver une solution commune au trafic d’armes venus de Libye. Il s’agit
pour eux à présent de mutualiser réellement leurs efforts pour éviter la
sanctuarisation du Nord Mali.
Il ne s’agira plus de simplement procéder «à un échange d’analyses
et d’informations», encore moins d’évaluer des «actions» qui n’ont
finalement pas eu lieu, mais de mettre en œuvre effectivement «la stratégie
de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée adoptée entre ces
pays». Cela commence par définir l’action à mener dans l’immédiat pour
éviter les débordements des guerres qui se passent – et celles qui couvent –
dans le Nord Mali.
Pour ce qui est de la Mauritanie, la position vis-à-vis de cette
guerre qui reste la nôtre pour les menaces qu’elle fait peser sur la stabilité
et la sécurité de notre espace, cette position a été jusque-là sage et payante.
D’abord l’offensive préventive qui a permis d’éloigner la menace
quand aucun autre pays ne voulait participer à la lutte contre le terrorisme
dans le Nord Mali. Ensuite le refus de s’embarquer dans une opération d’urgence
dont les conséquences pèsent déjà dans la complication de la situation. Enfin la
solidarité avec les pays voisins et peuples frères avec l’accueil des réfugiés
et l’implication dans la recherche de solutions aux problèmes posés.
Tant que les terroristes s’abstiennent de cibler
la Mauritanie, il n’y a pas de raison d’ouvrir un front avec eux. Sans pour
autant oublier l’adage latin : Sivis parcem para bellum (qui
veut la paix prépare la guerre).