Ils sont partis. Sur la pointe des pieds. «Ils», ce sont les soldats américains. De l’Irak, ils se sont retirés après près de neuf ans de présence. On s’en souvient encore…
Le 20 mars 2003, le président George W. Bush envoie ses troupes contre l’Irak de Saddam Hussein, accusé de tous les maux et faisant partie du fameux «axe du Mal» contre lequel l’Amérique lançait sa croisade. L’opération avait pour objectif de «libérer» l’Irak, de donner à son peuple l’occasion de s’exprimer, de lui offrir la démocratie, la sécurité, la prospérité, l’espoir d’un lendemain meilleur, de garantir son unité et de le laisser se prendre en charge enfin.
Près de neuf ans après, les 170.000 hommes mobilisés pour occuper le pays le quittent. Le Pentagone aura dépensé 770 milliards dollars dans cette opération d’occupation. L’Amérique aura perdu 4474 hommes dont la majorité dans les combats, 32.000 ont été blessés et ont quitté le champ de bataille (définitivement ?).
Côté irakien, l’occupation américaine s’est traduite par la mort de 113.680 civils, par la destruction des infrastructures (routes, ponts, bâtiments…), par l’exil d’une partie de la population, l’appauvrissement de cette population, l’exacerbation des déchirements confessionnels et ethniques, le recul de l’Irak sur le plan du développement humain, le pillage de ses ressources naturelles, de son patrimoine historique, l’hypothèque sur son avenir…
Il n’y aura plus que 157 soldats pour entraîner les forces irakiennes et protéger l’Ambassade des USA. Les 505 bases américaines ont été fermées. Parce que l’Irak refusait d’accorder l’immunité aux soldats américains, on ne doit laisser sur place que les indispensables.
L’Irak qui exporte 2,2 millions de barils de pétrole par jour, a un revenu pétrolier de 7 milliards dollars par mois.
L’Irak d’avant les américains ne manquait pas d’eau potable. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’Irak d’avant les Américains envoyait l’image d’un pays riche, très développé sur le plan des infrastructures, autosuffisant en cadres techniques de grande valeur, où l’on ne comptait pas d’analphabètes… il parait aujourd’hui comme un pays du Tiers-Monde, avec une situation sanitaire des plus alarmantes dans le monde arabe, un niveau de vie très bas, des conditions précaires et une insécurité très forte.
Mais le plus grave, c’est que l’Irak est menacé dans son intégrité. En partant, les Américains laissent derrière eux une société éclatée, un peuple émietté. Après les Kurdes qui sont en passe de prendre leur indépendance, au moins deux des provinces sunnites ont déclaré leur autonomie ces jours-ci. La province de Diyala ou celle de Salah Eddine estiment qu’il n’ya pas de place pour les Sunnites dans l’Irak d’aujourd’hui. On s’achemine donc vers une partition qui sera fatale pour toute la région.
Encore plus grave, l’étendue du phénomène de la corruption qui ronge l’appareil depuis l’arrivée des Américains…
Les soldats américains n’ont pas manqué d’exprimer leur joie de quitter ce pays en espérant rentrer chez eux le plus tôt possible. L’occupation n’ayant pas été une promenade de santé comme l’avait promis George W. Bush.
Mais les Irakiens sont encore plus contents, eux qui estiment avoir «poussé» les Américains au départ et qui espèrent qu’avec ce départ, c’est la fin de l’occupation.
Les images du retrait américain du Vietnam avaient traumatisé l’Amérique. Il a fallu attendre les expéditions d’Irak et d’Afghanistan pour voir la première puissance mondiale essayer de faire oublier cet épisode malheureux. Aujourd’hui, vous ne verrez aucune image de ce retrait qui signe pourtant l’échec d’une folie guerrière, encore plus absurde que celle du Vietnam. Sur ce plan (communication), l’Amérique est encore très forte…
Il faut dire que les yeux du monde sont braqués sur la Syrie, le Yémen et l’Egypte. Encore un service rendu par les dictateurs aux maîtres du moment. Une trahison de plus pour leurs peuples…