La
décision du Conseil de Sécurité d’ouvrir la voie à une intervention militaire
de la CEDEAO sous le couvert de l’Union africaine dans le Nord du Mali. On croit
savoir que l’option militaire est sur le point d’être mise en œuvre. Comment ?
On
ne sait pas encore, mais les forces en attente de la CEDEAO pourraient être
mobilisées, avec un appui financier, logistique et «technologique» de la France
et des Etats-Unis. Il serait exclu pour ces pays d’intervenir directement. Tandis
que le Mali pourrait accepter de faire de ses forces armées le fer de lance de
la reconquête de cette partie de son territoire. Est-ce suffisant ?
Absolument
pas. L’analyse des forces en présence et de celles qui pourraient être mises à
contribution, indique que le rapport de force est largement favorable aux
factions armées qui ont pris possession du Nord malien. Armements, expérience
du terrain, ancrage social, détermination, adaptation aux méthodes non
conventionnelles… tout est en faveur de ces factions. Qui va-t-on combattre ?
Officiellement,
seuls les groupes armés affiliés à Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI)
dérangent. «On» traite le MNLA comme une «donne normale», contre laquelle il ne
faut pas diriger les armes. Tandis que le mouvement Ançar Eddine cherche à se
frayer un passage sur la voie de la normalisation à travers ses relations avec
le Burkina Faso, médiateur de la CEDEAO dans le conflit.
C’est
le sens de la visite effectuée par une délégation du mouvement à Ouagadougou. On
parle d’une autre délégation qui pourrait être dépêchée à Nouakchott. Encore qu’on
se demande comment une délégation de ce mouvement peut venir à Nouakchott,
alors que la Mauritanie, première cible de AQMI par le passé, a souffert des accointances
et de l’aide apportée à son ennemi par Ançar Eddine et son chef Iyad Ag Aghali.
Ce qui amène aussi à se poser la question sur le rôle de ce mouvement dans les
différentes prises d’otages, les Espagnols mais surtout les deux Français
enlevés à Hombori au Mali. Le chef du mouvement ne fut-il pas le négociateur
principal dans toutes les prises d’otages ayant occasionné des marchandages ?
N’est-ce pas par lui que transitaient argent, otages libérés, ordres donnés ?
De là à établir une complicité, il y a un pas, mais on peut dire qu’il y a de
fortes présomptions de complicité confirmées par l’alliance aujourd’hui avérée avec
ceux de AQMI, considérés «terroristes» par la majorité du Monde, «frères
idéologiques» par Ançar Eddine.
Il
y a ceux qui veulent dissocier les mouvements «rebelles du Nord» des «combattants
étrangers», en donnant aux premiers une légitimité. Et en comptant les «rebelles»,
ils citent : le MNLA (essentiellement touareg), le FNLA (essentiellement
arabe), Ançar Eddine (salafistes jihadistes touaregs) et le MUJAO (salafistes
jihadistes arabes). Avec ceux-là, ils estiment le dialogue possible et même
nécessaire. Alors que tout indique le contraire.
En
attendant, l’absence dans le dispositif d’un rôle pour les pays du champ et
principalement la Mauritanie et l’Algérie, compromet sérieusement toute
entreprise guerrière. Sans les deux pays, ensembles, rien ne peut réussir
militairement.
A bon entendeur…