J’ai lu ces derniers jours de nombreux écrits à propos d'un marché relatif à la construction d’une centrale électrique qui devrait fournir 120 MW à la ville de Nouakchott. La préoccupation des auteurs des articles semblait tourner autour de la régularité de la passation du marché qui est quand même d’un montant de 135 millions dollars. Mon souci à moi se situe à un autre niveau.
Depuis deux ans, les autorités ont parlé de la construction d’une grande centrale dual, c’est-à-dire une centrale qui va travailler avec le fuel et le gaz. Le fuel sera très probablement importé, tandis que le gaz sera prélevé sur la production de Banda laquelle va démarrer très bientôt sa phase de développement pour le pétrole qui donnera 15.000 barils de plus et pour le gaz dont les quantités restent à déterminer.
La centrale en question devant produire 350 MW. Assez pour subvenir aux besoins des villes de Nouadhibou et de Nouakchott et des entités industrielles qui se trouvent dans la zone. L’Etat n’a trouvé aucun mal à mobiliser ses fonds propres, ceux de la SNIM et à impliquer Kinross-Tasiast pour le financement de cette importante infrastructure. L’étude technique a été confiée à TRACTABEL. Elle n’a pas encore fini de remettre les résultats de son travail que voilà que la SOMELEC lance le projet de construction de la centrale de 120 MW.
Le hic, c’est qu’on a choisi d’utiliser des groupes au lieu des turbines, ce qui revient beaucoup plus cher et qui pourrait compromettre, selon les techniciens de la chose, «l’accouplement» - je ne sais pas comment on appelle cela -, ah, le raccordement plus tard aux unités qui vont suivre.
Pour produire 120 MW, nous allons dire qu’il faut une quarantaine de turbines et qu’à ce niveau le coût de production du mégawatt sera de l’ordre de 800 à 900.000 dollars. Si l’on opte pour des turbines puissantes, le prix baissera. Plus la puissance augmente, plus le coût de production baisse pour atteindre les 700.000 dollars. Je ne fais que répéter ce que me disent les spécialistes.
Alors ma question n’est pas de savoir si le bureau d’études chargé de définir le cahier des charges et les spécifications avait ou non taillé sur mesures ses propositions, mais plutôt de savoir pourquoi la SOMELEC s’empresse à réaliser une partie d’un projet dont l’étude globale n’est pas encore achevée. On peut penser que quand l’étude sera achevée, il reviendra à la nouvelle société – appartenant à l’Etat mauritanien, la SNIM et Kinross – de lancer les appels d’offres et que pour cela la SOMELEC voudrait bien anticiper pour se donner un rôle. Mais est-ce suffisant ?