Au
moment où cette affaire d’autodafé de livres références du Malékisme passionne
et occupe, nous perdons Cheikh El Haj Abdoul Aziz Sy, l’un de nos plus
illustres Imams, l’un des plus probes, des plus proches de nous…
Il
suffisait de voir la cérémonie de levée du corps pour comprendre combien ses
compatriotes étaient attachés à cet homme qui avait su rester au niveau
supérieur que lui confère sa stature de ‘Alem, un savant des sciences
religieuses musulmanes. Des milliers de Mauritaniens sont venus, parfois à
pieds et de loin, pour assister à la prière du mort organisée mercredi soir
dans la mosquée des Prédicateurs (masjid eddou’aat) de Ryad.
De
toutes couleurs, de tous âges, de tous sexes, de tous niveaux. Quelque chose
qui donne le baume au cœur, qui rappelle que la Mauritanie reste ce qu’elle a
toujours été : une terre de convergence, de solidarité, de communion…
Malgré la cacophonie produite par les plus agités d’entre nous…
Avec
le départ d’El Haj Abdoul Aziz, nous perdons l’une de nos personnes-ressources,
ces personnes qui deviennent de plus en plus rares. On célébrait ces jours-ci
le triste anniversaire du départ de Lemrabitt Mohamed Salem Ould Addoud, de
Limam Boudah Ould Bouçeyri… On prenait peur pour l’état de santé de Lemrabitt El
Haj Ould Vahfou… on s’inquiète encore pour quelques autres qu’on compte sur les
doigts, ceux de nos Ulémas qui ont su garder la prestance qui sied. Ceux parmi
eux qui ont su s’imposer à nous par leurs savoirs, leur exemplarité, leur
piété, leur détachement par rapport à nos querelles parfois mesquines, au moins
(bassement) humaines…
Des
Abdoul Aziz Sy, Ould Addoud, Ould Bouçeyri… il ne nous en reste pas beaucoup. Finit
le temps où le pays regorgeait de grands savants respectés pour ce qu’ils ont,
pour ce qu’ils sont. Ce temps où leur baraka nous accompagnait et nous
préservait de tant d’écueils.
Nous
sommes arrivés à un moment où ce sont les réservoirs présumés de sagesse qui
appellent à la sédition et souhaitent le désordre. Où ces présumés Sages
manifestent une fougue incontrôlée et poussent vers l’extrême. Où ces présumés
Sages se mêlent à nos querelles, prenant parti pour les uns contre les autres. Où
ces présumés sages pardonnent la destruction d’une partie de nos fondements
religieux et moraux, l’expliquent et la justifient. Où ces présumés Sages
expriment trop d’intransigeance vis-à-vis de nos faiblesses, sommes toutes
humaines…
Dieu, ayez pitié de nous. Faites que cette terre et
ses habitants soient préservés de toutes les dérives vers lesquelles «on» nous
pousse inconsidérément. Que la bénédiction de ces êtres qui T’ont servi sans
calculs et sans fracas, et qui sont par la force de leur foi des êtres hors du
commun, que leur bénédiction nous accompagne encore et encore.