Ce
jour, mercredi, a été choisi par le Regroupement de la Presse Mauritanienne
(RPM), regroupement d’éditeurs de journaux auquel La Tribune appartient, pour
organiser une journée de discussions entre les représentants des forces armées
et de sécurité et ceux de la presse. Il s’agissait de permettre aux premiers de
dire comment ils peuvent répondre aux attentes des seconds dans le cadre de la
transparence en matière de communication.
Des
présentations de la direction de la communication et des relations publiques de
l’Etat Major national, de la Garde nationale, de la Gendarmerie nationale, de
la direction de la Sûreté nationale, des Douanes et une du RPM. Celui-ci, par la
voix de l’un de ses membres (Isselmou Moustapha de Tahalil) a introduit la
journée en présentant une note sur les attentes des journalistes.
La
Direction de la communication de l’Etat Major a rappelé l’état dans lequel
étaient nos forces armées quand les organisations terroristes ont décidé de s’en
prendre à notre pays, jugé maillon faible de la zone. Les attaques de
Lemghayti, de Ghallawiya et de Tourine (2005-2008) ont exprimé ce mépris
affiché par ces organisations face à une armée …désarmée. Depuis trois ans, les
choses ont changé. La mobilisation d’unités spécialisées dans la lutte contre
le terrorisme et le crime organisé en général, ainsi que l’équipement des
forces et la réhabilitation des bases fixes, la constitution d’une force
aérienne, tout cela a permis, non seulement d’éloigner le spectre des attaques
organisées à partir de l’extérieur, mais aussi d’anticiper ces attaques et d’apporter
la peur dans le camp d’en face.
Sur
les opérations, l’Armée a corrigé les premières erreurs se rapportant au manque
de communication, en essayant d’accompagner la presse en lui fournissant les
informations le plus rapidement possible, et en lui ouvrant les portes de l’Etat
Major et des unités opérationnelles. Le temps de laisser la rumeur prendre le
dessus est loin.
La
communication qui a suscité le plus d’intérêt et de discussions reste celle de
la Direction générale de la Sûreté nationale. Présentée par le Commissaire
Divisionnaire Ould Adda, Directeur de la Surveillance du Territoire (DST), la
communication a pris la forme d’une présentation sur l’immigration clandestine
et du rôle de notre pays. On a appris que notre pays est devenu un pays d’accueil
depuis que les Européens maîtrisent plus ou moins leurs frontières. Ils sont
environ 50.000 immigrants à attendre une opportunité de départ pour l’Europe. Ils
sont jeunes pour la plupart, sans qualifications particulières. Ils attendent
et s’installent dans les villes en Mauritanie où ils ajoutent à la pression
démographique déjà exercée sur les infrastructures sanitaires, celles de l’éducation,
de la rue… Au cours des premiers mois de l’année en cours, 3113 immigrés
clandestins ont été renvoyés vers les frontières mauritaniennes. 24.000
étrangers sont entrés, 8.495 d’entre eux sont restés. Pour une population
urbaine comme la nôtre, ce chiffre constitue un danger réel. En effet, si l’on
se projette sur le futur proche, on est surpris de constater qu’en quelques
mois cette population d’immigrants s’installant chez nous, peut atteindre
90.000, l’équivalent des habitants de la ville de Kiffa, troisième
concentration urbaine en Mauritanie. Par ailleurs, il y a aussi le fait que ces
étrangers occupent des milliers de postes à pourvoir dans les sociétés minières
en activité dans le pays. Ils seraient plus de dix mille à travailler aujourd’hui
dans ces sociétés.
Comment faire pour trouver un équilibre entre la
prise de conscience d’un tel défi sans verser dans la xénophobie ? C’est
toute la question qui est posée aux autorités qui ont à traiter le phénomène,
aux journalistes qui ont à le mettre en exergue.