Le
Président Mohamed Ould Abdel Aziz remet le sceptre à un successeur pour la
présidence tournante de l’Union Africaine. C’est ainsi qu’en un an, la
Mauritanie aura eu l’honneur de diriger l’organisation panafricaine, surtout de
la représenter sur la scène internationale, notamment dans les sommets UA-Union
Européenne, UA-Etats Unis d’Amérique, le G20… Ce fut un honneur, mais aussi une
opportunité pour notre pays d’affirmer sa présence, de reprendre ses marques
sur la scène internationale. Nous venons de loin…
Les
déboires de la diplomatie mauritanienne vont amener le pays à renoncer à ses
vocations originelles qui voulaient en faire un trait d’union et une terre de
convergence pour les ensembles Arabe et Africain. Il a fini par se perdre et
par perdre ses repères pour devenir une sorte d’«orphelin géostratégique»
n’étant plus ni Arabe ni Africain.
La
reconnaissance d’Israël puis l’établissement de relations diplomatiques avec ce
pays le coupaient du Monde Arabe. Le retrait de la CEDEAO lui faisait tourner
le dos à l’Ensemble Africain.
La
présidence de l’UA nous aura permis justement de reconquérir l’environnement
qui est naturellement le nôtre. La présence de notre Président sur tous les
fronts africains a remis la Mauritanie au centre de l’Afrique, nous poussant à
recadrer notre diplomatie pour un plus grand enracinement dans notre versant
sud que nous avons dédaigné deux décennies durant.
La
chance du Président Ould Abdel Aziz aura été d’avoir d’abord dirigé le Conseil
Paix et Sécurité (CPS) de l’UA et d’avoir, à ce titre, dirigé les panels
chargés d’intervenir en Libye et en Côte d’Ivoire pour régler les crises qui se
transformaient en guerres civiles. Dans les deux cas, le CPS de l’UA était sur
le point de trouver des solutions quand l’interférence impromptue des
puissances occidentales, particulièrement de la France en a voulu autrement.
En
Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo était déjà d’accord à remettre le pouvoir à
Alassane Ouattara et la mission de l’UA avait déjà pris le chemin d’Abidjan,
quand les forces françaises ont intervenu pour l’arrêter.
En
Libye, une feuille de route avait déjà été acceptée par les chefs politiques
des rebelles et par Moammar Kadhafi quand les avions de l’OTAN ont décidé
d’intensifier leurs bombardements pour arriver à tuer le Guide libyen.
L’expérience
des panels avait permis à la Mauritanie d’accueillir par deux fois des sommets de
chefs d’Etats africains. Ce qui la préparait à la présidence de l’UA. Plusieurs
sommets ont été organisés – et très bien organisés – à Nouakchott. Dont le
dernier, et pas le moindre, est celui qui a eu lieu les 19 et 20 janvier autour
de «la transparence et (le) développement durable en Afrique». Un sommet
voulu et promu par Transparency International et la Banque Mondiale.
Notre
pays passait pour modèle dans le domaine sécuritaire. La stratégie élaborée par
la Mauritanie pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé en général
a fait effet. Ce qui lui a permis de lancer le sommet du G5 du Sahel regroupant
outre notre pays, le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso. On parle
désormais du «Processus de Nouakchott» qui fait partie de l’architecture
de paix et de sécurité mise en œuvre par l’UA.
Ce
retour sur la scène africaine doit se traduire par une réintégration de
l’espace CEDEAO avec lequel nous sommes désormais liés par des accords spéciaux
qui nous font profiter des privilèges accordés par l’OMC pour ces ensembles
économiques qui regroupent des pays pauvres comme le nôtre.
Il
doit aussi se traduire par un ancrage solide dans notre espace maghrébin et la
recherche de solutions aux multiples blocages qui empêchent justement l’Union
du Maghreb Arabe d’avancer. Un renforcement de l’axe Tunis-Nouakchott, la mise
en confiance du Maroc et de l’Algérie, peuvent amener nos pays à trouver un
point de convergence autour du règlement de la question libyenne. Un processus
maghrébin de règlement de la crise libyenne peut être amorcé par les autres
pays du Maghreb s’ils s’y mettent. La Mauritanie peut en être la locomotive.
Quoi
qu’en disent ses détracteurs, la présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz de l’UA
aura été bénéfique pour la Mauritanie qui a pu revenir sur la scène pour se
frayer un chemin dans cette jungle où les plus faibles doivent se démener pour
se faire une place.
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