Après
le congrès de Tawaçoul qui a permis de réunir l’Internationale islamiste à
Nouakchott, voici venir le temps de celui de l’Union des forces du progrès
(UFP), avec cette fois-ci la possibilité de rassembler ce qui reste d’une «certaine»
gauche internationaliste, en attendant la retrouvaille de l’Alliance populaire
progressiste (APP) qui devrait être l’occasion pour les nationalistes arabes et
autres de faire la démonstration qu’il en existe encore.
D’habitude,
un congrès de parti sert à renouveler les grands choix et à relancer le projet
de société sur lequel militants et cadres se retrouvent. Il peut être l’occasion
de revoir ces choix s’ils s’avèrent mauvais ou de changer de stratégie si la
voie tracée n’a pas été judicieuse. C’est un peu l’évaluation «à mi parcours»
comme disent les consultants de chez nous. Voir ce qui a été fait, redresser la
barre pour atteindre de nouveaux objectifs déterminés…
Le
congrès de Tawaçoul a permis de réunir …les Frères (avec F si l’on veut faire
le jeu de mots), de «révéler» quelques ambitions pour la présidence du parti
qui se sont exprimées contre son leader actuel Jemil Ould Mansour, et d’exprimer
enfin quelques nuances dans l’engagement politique local.
La
Mauritanie a effectivement accueilli des hôtes de marque (sure l’échelle de l’islamisme
politique) : l’idéologue tunisien Rachid Ghannouchi, l’un des hommes forts
de Hamas et quelques autres moins connus du grand public. Certains d’entre eux
ont été l’objet d’une attention particulière de la part des autorités et de la
société civile. Ce qui s’est traduit par des rencontres, des invitations et des
cérémonies plus ou moins festives.
Les
ambitions exprimées par Mohamed Ghoulam et Ould Beyba qui ont fini chacun dans
sa précédente place au sein de la structure dirigeante du parti (malgré les
scores et la «rébellion» passagère), ne sont pas réelles. Dans la mesure où les
deux hommes ne présentent pas d’alternative à Ould Mansour et ne peuvent s’inscrire
contre lui. Tout le monde sait enfin qu’au sein de la mouvance, les divergences
ne remontent pas en surface. Et ce n’est pas le propre de ce parti, mais la caractéristique
de tous les partis mauritaniens qui se fondent non pas sur la légitimité d’un
chef mais sur celle d’un combat, d’une lutte et d’un parcours. C’est aussi la
caractéristique de l’UFP.
Tout
ça pour dire que l’intérieur de ces partis ne souffre pas les ambitions
personnelles ni les visions «hors normes». Il y a un chemin, une voie, une
sorte de consensus qui a pris le temps de mûrir et de prendre à partir de «la
base». Ce qui «perturbe» d’ailleurs au sein de ces formations, c’est bien la
présence de personnalités propulsées au premier plan en vue de faire la
démonstration d’une ouverture sur toutes les élites et donc «d’élargir la base
populaire du parti». On le sent aujourd’hui comme «une perturbation», mais
demain ?
L’impression
que laisse le congrès de Tawaçoul est bien celle-là : tout n’a pas été
dit, tout n’a pas été décidé, la page, même si elle a été (très légèrement) pliée,
n’a pas été effectivement tournée. Ce qui n’empêche pas certains de tout parier
sur une possibilité d’alliance entre Tawaçoul et l’Union pour la République
(UPR) le parti au pouvoir aux prochaines élections. On va verra, comme disait l’autre.