Ce qui s’est passé dans une rue de Londres interpelle
chacun de nous. Au nom de cette Sainte religion qui prône, nous en sommes de
pieux adeptes, la paix et la tolérance, au nom de notre religion, deux
individus, ayant plus l’air de voyous de quartiers que de militants d’une
cause, ont tué, essayé de décapiter publiquement un soldat britannique. Avec un
sang-froid qui trahit les relents purement criminels et l’instinct bestial des
auteurs du crime.
Moins de 24 heures après, le Niger est frappé par un double
attentat : une trentaine de morts probablement (21 officiellement) et des
dizaines de blessés. Pour la plupart des Musulmans comme vous et moi. Un pays
très religieux dont la population respire la générosité, la bonté et l’abnégation.
Pour le peu de temps que j’y passé, j’ai senti une population ouverte, vivant
sa religiosité sans extravagance, sans fanatisme… Il est rarement de faire cinq
minutes de marche sans voir un espace aménagé pour la prière. Les mosquées pullulent
mais sans fracas. C’est ce pays qui est visé par les groupes terroristes qui n’ont
d’autre projet que celui de détruire. Ceux qui se tuent pour tuer avouent ainsi
ne rien à voir à proposer pour vivre. Ni projet, ni action pour alléger les
souffrances des populations. Rien que la mort qu’ils sèment.
La crainte qui doit nous animer aujourd’hui est celle de
voir dupliqué le meurtre de Londres. Personne n’est plus à l’abri, ni aucune
capitale. Ou de voir s’étendre le champ de bataille vers tous les pays du
Sahel. On dira toujours que ces pays vivaient depuis quelques années cette
guerre, mais les attaques d’Arlit et de Agadez signifient une extension
effective du conflit dans lequel la France s’est invitée. Sans précautions.
On a l’impression que le Président François Hollande est en
train de rééditer les échecs et erreurs de son prédécesseur Nicolas Sarkozy. Si
celui-ci a mené une guerre aux conséquences catastrophiques pour la Libye et
les pays de la zone, François Hollande est parti en campagne au Mali dans la
précipitation et sans se soucier des conséquences que pourrait avoir un tel
engagement.
C’est désormais le sud libyen qui alimente les mouvements
terroristes. La couverture donnée par la France à l’Armée malienne qui a commis
– commet encore – des exactions à l’encontre des populations du Nord, a
légitimé le combat mené par les groupes, notamment le MUJAO et «Les signataires par le sang». Ces deux
groupes sont constitués pour l’essentiel de jeunes appartenant aux différents
groupes ethniques du Sahara sahélien, surtout du Nord malien (Arabes, Touaregs,
Peulhs et même Songhaïs). Un spécialiste me disait que l’élément maghrébin de
AQMI (du terrorisme en général) a peut-être quitté le Nord du Mali, mais est
resté ici l’élément sahélien, le guerrier local légitimé justement par cette
appartenance. Les risques de voir cet élément agir dans d’autres pays comme le
Sénégal, la Guinée, le Tchad et même le Burkina qui entretient jusque-là des
relations douteuses avec ces groupes, ce risque est énorme. Ont raison ceux qui
se demandent «à qui le tour, après le
Niger ?».