Une visite attendue depuis longtemps. Depuis le rendez-vous raté du
Ramadan passé. Quand Laurent Fabius avait fait le tour des capitales
ouest-africaines pour préparer la reconquête du Nord du Mali. Après avoir passé
un peu plus de 24 heures à Dakar, partageant les goûts festifs des jeunes
contestataires de «Y en a marre», le ministre français avait programmé
un passage furtif à Nouakchott, au moment de la rupture du jeûne. Ce que les
autorités mauritaniennes avaient mal pris. Le passage n’eut pas lieu…
La Mauritanie étant un pays incontournable dans la construction de
la paix au Mali, il fallait donc faire l’effort de venir et de rester le temps
nécessaire pour embarquer le pays aux côtés de la France. Le prétexte de la
réunion des ministres des 5+5 était l’occasion de réparer ce qui peut l’être.
A son arrivée à Nouakchott, le ministre français a donné le la en
déclarant que les relations franco-mauritaniennes sont exemplaires et couvrent
plusieurs domaines d’intérêt commun. Quand il a été reçu par le Président de la
République, il a poursuivi : «j’ai eu l’honneur d’être reçu par le
Président de la République en compagnie de mon ami et collègue le ministre des
affaires étrangères et de la coopération. Nous avons abordé les relations
bilatérales entre la Mauritanie et la France. La Mauritanie est un ami solide
de la France et la solidité de cette amitié s’est traduite dans des actions
concrètes».
Annonçant que «dans quelques instants, je signerai ce qu’on
appelle un document de partenariat qui permet d’organiser un certain nombre
d’appuis concrets de la France à des projets en Mauritanie qu’il s’agisse de la
formation professionnelle, de l’éclairage, des services publics... Il y a une
amitié solide entre la Mauritanie et la France».
Et de poursuivre : «nous avons évidemment parlé de la
situation régionale et de la situation internationale notamment au Mali puisque
la Mauritanie suit ce qui se passe au Mali avec énormément d’intérêt et nous
avons une analyse extrêmement convergente. Le Mali a besoin de sécurité comme
toute la région. L’intervention qui a eu lieu a permis de rétablir la sécurité
mais il faut conforter cet élément là. Vous savez sans doute que d’ici quelques
jours l’ONU va adopter ce qu’on appelle une opération de maintien de la paix
qui permettra d’avoir une force de sécurité très importante au Mali qui va
continuer à sécuriser le Mali et nos amis mauritaniens envisagent y prendre
part et ils définiront eux-mêmes la manière de le faire».
Reprenant quelques-unes des conditions de la Mauritanie : «Mais
il y a aussi l’aspect politique, parce qu’il faut que le Mali s’engage dans le
dialogue et la concertation pour aller vers les élections. Nous avons également
parlé de cela avec le Président mauritanien qui a une analyse très fine des
choses et nous partageons - ce qui m’a frappé dans nos conversations -
l’approche qu’il faut qu’il y ait un véritable dialogue entre le sud et les
populations du Nord pour que chacun se sente à l’aise et qu’un certain nombre
de difficultés, qui ont existé dans le passé, puissent être résorbées. Puis, il
y aura des élections qui sont prévues au mois de juillet. Donc, il y a l’aspect
de la sécurité, il y a l’aspect des élections et du dialogue et il y a l’aspect
économique puisque le Mali comme l’ensemble de la région a besoin d’un soutien
économique. Souvent, l’origine des questions est dans une difficulté
économique.
Bref, des conversations très chaleureuses, avec le Président de la
Mauritanie qui est un ami de la France et vous savez que maintenant je vais
avec le collègue ministre des affaires étrangères et de la coopération ensuite,
nous aurons à dîner ensemble avec le Premier ministre. Demain, nous passerons,
si je puis dire, à un autre exercice celui du dialogue 5+5 : les 5 pays du
nord de la méditerranée et les 5 pays du sud. Là aussi nous travaillons la main
dans la main avec nos amis mauritaniens. Donc une rencontre excellente avec des
amis très solides».
Au même moment, la France proposait au Conseil de sécurité des Nations-Unies
d’autoriser le déploiement d’une force de maintien de la paix au Mali à partir
du 1er juillet prochain. Ce qui devra occasionner le changement de
la MISMA (mission panafricaine au Mali) en MINUSMA (mission intégrée des
Nations Unies pour la stabilisation au Mali).
Il s’agira de déployer un maximum de 11.200 soldats et 1440
policiers. Cette force sera appuyée par une force guerrière française qui
interviendra en cas de besoin.
L’absence de la Mauritanie à l’effort de maintien
de la paix la privera de suivre de près la situation d’une région qui constitue
un espace vital pour elle. Moralement injustifiable, cette absence est un lâchage
d’un pays frères, le Mali, et de ses populations.