C’est
hier soir qu’a eu lieu le dîner de la Maison Blanche. Vedette incontestée de ce
dîner : le couple présidentiel mauritanien qui a été l’objet de plusieurs
commentaires positifs de la presse américaine.
La
Première Dame mauritanienne a été l’objet d’égards particuliers de la part de
la presse outre-Atlantique, même les quotidiens les plus sérieux (les moins
people) lui ont accordé des encarts pour parler de sa tenue et du comportement
du couple durant toute la soirée. Le couple n’a pas manqué quelques «écarts»
à la tradition en affichant sa cohésion et son bonheur commun. C’est ici des
doigts qui s’entrelacent le temps de la photo officielle, c’est là le bras qui
entoure la taille de la Présidente pour l’introduire à l’intérieur de la salle
réservée au dîner dans la Maison Blanche. Des attitudes qui ne manqueront pas
d’éveiller les plus obscurantistes de nos «bienpensants» qui peuvent se
taire sur les adultères, les justifier et même les pratiquer, mais qui sont
prompts à dénoncer des attitudes toutes humaines qui n’enfreignent en rien les
préceptes de l’Islam. Passons.
Avant
d’aller au dîner, le Président de la République a reçu les représentants de la
communauté mauritanienne aux Etats Unis. Quelques dizaines de Mauritaniens
venus de tous les Etats, représentants d’une communauté visiblement très
dynamique.
«Tous
ceux que vous voyez ici ne viennent pas pour demander des subsides. Nous travaillons
et gagnons notre vie convenablement. Le moins nanti parmi nous envoie en moyenne
trois cents dollars par semaine à ses parents restés là-bas. Ce que nous
voulons, c’est que le pays pense à nous pour régler certains de nos problèmes…»
C’est
une introduction que tous ceux qui ont pris la parole tiennent à faire. En gros,
les problèmes sont de trois ordres. La première demande est celle qui concerne
l’ouverture d’une succursale de banque pour leur permettre de faire les
transferts de façon moins aléatoire qu’actuellement. Ils sont officiellement
près de dix mille Mauritaniens à vivre ici, sans compter ceux qui sont dans la
situation d’«exilés» pour des raisons politiques, sexuelles ou
religieuses. C’est que l’on fait croire ici qu’il y a en Mauritanie une
répression contre les opposants politiques, contre des franges données de la
population (homosexuels, non-musulmans…). Ceux qui vivent dans la situation de
réfugiés ne prennent pas contact avec l’Ambassade.
Une
dizaine de milliers qui envoient chacun au moins 500 dollars par mois, c’est
déjà dans l’ordre de cinq millions. Un pactole qui fait le bonheur des
trafiquants de devises en prenant un circuit parallèle qui ne profite
finalement pas aux institutions financières régulières. Pour cette question, le
Président a promis de faire bouger la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) pour
faire le nécessaire.
La
deuxième problématique est celle de la double nationalité. Le système est mal
compris par nos communautés de l’extérieur. Il est désormais possible d’acquérir
une nouvelle nationalité tout en gardant celle d’origine. «Il suffit pour
cela d’en faire la demande et d’avoir un décret présidentiel, a expliqué le
Président. Des instructions ont été données pour accélérer les procédures en
attendant de prendre les dispositions légales pour que ce soit automatique».
Dans
le même ordre d’idée, la question de l’enrôlement, cette fois-ci posée par tout
le monde. Entre ceux qui n’ont pas de «green card» (résidence locale) et
ceux qui n’ont plus les papiers mauritaniens après l’acquisition de la
nationalité, chacun y est allé comme il peut, dans un désordre complet. «Aucun
Mauritanien ne sera exclu de cet enrôlement, mais nous allons d’abord nous
consacrer à ceux qui sont en règle. Après, les cas seront traités un à un. Pour
des considérations sécuritaires, nous ne pouvons tout faire en même temps…»
Dernier
grand registre de problématiques, celle de la préparation du retour et du
maintien, en attendant, des liens entre la communauté et le pays. Cela demande
une plus grande présence de la représentation diplomatique, une meilleure
organisation de la communauté, une participation organisée dans le
développement du pays…
«Monsieur
le Président, nous vivons dans un pays qui nous a immédiatement acceptés comme
citoyens. Dans un rang devant un comptoir, l’agent de sécurité ici présent ne
peut se prévaloir d’aucun privilège particulier par rapport à l’un de nous. Aucun
de nous n’a jamais été traité pour son faciès, sa religion, son origine… Nous n’avons
jamais subi l’arbitraire ici. C’est pourquoi la relation avec la première
puissance du monde doit faire l’objet d’une attention particulière. Les diplomates
qui sont envoyés ici doivent nécessairement parler la langue du pays, faire
preuve de compétences et d’intelligence…» Personne n’a finalement demandé l’ouverture
d’un consulat, mais c’est peut-être la solution pour une communauté aussi
forte, aussi dynamique.