Quand
on quittait le pays à bord de l’un des avions de la Mauritanie Airlines
International (MAI), on susurrait entre nous quelques inquiétudes cachées quant
à l’état des appareils. Le Boeing réservé au Président avait fait l’objet de
quelques articles de presse qui nous disaient que toute la flotte de la MAI
était clouée au sol depuis que les moteurs «loués» du Boeing ont lâché. Toute
la semaine d’avant, la presse parlait avec insistance des déboires de la
compagnie nationale.
C’est
à bord que j’ai rencontré un vieil ami, un mécanicien qui a fait une longue et
grande carrière. Un type qui croit encore à la valeur guerrière de la franchise
et qui a acquis la précision du technicien. «Ecoute, au moment où nous
décollons, l’un des avions se trouve à Las Palmas après avoir fait la liaison
avec Paris. C’est te dire qu’il n’y a pas que cet avion. L’un des moteurs du
Boeing est effectivement loué mais c’est pour permettre la révision de son
moteur. Le troisième avion doit reprendre bientôt après une révision nécessaire
et prévue de longue date. Le nouvel appareil attend de finir le processus de
régularisation pour pouvoir servir normalement, c’est une question de jours. En
conclusion aucun avion de la MAI n’a de problèmes techniques particuliers. Mais
vous, les journalistes, vous ne prenez pas la peine de prendre l’information
auprès des concernés. Ici on entend et on prend pour vérité ce qu’on entend…»
Ce
n’est pas la faute aux journalistes si la MAI a mauvaise presse. Je sais
personnellement que des responsables m’ont affirmé que la compagnie n’exploite
plus que «le seul Boeing qui est souvent réquisitionné par la présidence. Les
deux autres appareils sont cloués au sol. Les moteurs du Boeing sont loués…»
En somme la description d’une compagnie au bord de la banqueroute. Ce qui est
impensable quand on sait ce qu’elle a coûté au pays.
L’achat
des avions était une option comportant trop de risques. La passation du marché
a fait l’objet de plusieurs suspicions. Les méthodes de son manager suscitant
attaques et mauvaises interprétations de la part d’abord de ses collaborateurs,
ensuite de ses collègues, enfin de tout le microcosme nouakchottois qui fait finalement
l’opinion nationale.
Je ne trouve aucune raison de mettre en doute ce que
me dit mon ami mécanicien, alors que j’ai toutes les raisons de ne pas croire
tout ce qui est dit et écrit sur la compagnie.