Une
production record ou presque pour la contre-saison de cette année : 80.000
tonnes de paddy sont attendues par les autorités. Alors que déjà sont stockés
dans les magasins de la Société nationale d’import-export (SONIMEX) près de
40.000 tonnes de riz prêt à la consommation. Un riz de qualité qu’on cherche
aujourd’hui à écouler. Mais comment faire face au riz importé ?
Les
autorités semblent avoir opté pour la multiplication des barrières devant
l’importation de cette denrée de première nécessité. Lourdes taxes douanières
et accentuation des contrôles devraient amener les commerçants qui importent à
relever les prix du riz étranger de manière à le mettre hors de portée du consommateur
mauritanien qui devra alors se rabattre sur son propre produit. La fédération
de commerce et les principaux importateurs sont déjà avertis par qui de droit.
Mais
ces autorités oublient l’autre levier qui devrait être actionné pour provoquer
un engouement réel et définitif chez les Mauritaniens pour leur riz :
celui du contrôle de la qualité et du prix qui doit défier toute concurrence.
L’interférence
des usiniers et leur capacité à passer outre toutes les règles de contrôle de
la qualité, provoquent des pressions énormes sur l’administration à différents
niveaux. C’est ici le Comité interministériel et là la SONIMEX (principal
acheteur et premier vendeur) qui plient devant les manœuvres, parfois
dilatoires, des usiniers décortiqueurs qui vivent sur les vrais
producteurs. Sans avoir à supporter le coût de production, ils ont imposé un
système dont ils sont les premiers bénéficiaires dans la mesure où les plus
importantes subventions vont à eux.
Autre
aspect à travailler : le maintien du niveau des prix à la consommation au
plus bas de leur niveau. Environ 20% de la structure actuelle des comptes
d’exploitation à la tonne du paddy vont sans raison dans les comptes des
usiniers, alors que les producteurs élèvent de plus en plus la voix pour
dénoncer cette situation. Ils estiment que si les comptes d’exploitation sont
revus pour mieux apprécier les coûts de production, les autorités pourront
alors acheter le riz décortiqué beaucoup moins cher, «au moins 20% de moins»,
affirme l’un d’eux. Il serait alors question de le vendre aux commerçants aux
environs de 130 UM le kilogramme au lieu des 200 envisagés à présent. Plus le
prix d’achat est élevé, plus le prix le sera pour le consommateur. Un contrôle
efficient des structures de prix permettrait aux autorités d’éviter de subir le
diktat des usiniers.
En
attendant, une véritable bataille est engagée par le gouvernement par la voie
de la SONIMEX qui multiplie les contacts pour permettre un engagement réel des
commerçants dans la politique du «consommer mauritanien» qui reste à
lancer. La question principale reste cependant : le consommateur va-t-il
suivre ?