Le
8 mai 1945 a été «retenu» comme jour de la libération par la France. C’est le
jour où l’Allemagne nazie a signé la capitulation à Berlin. Elle avait signé la
veille, le 7, à Reims, mais les Russes avaient exigé un second acte à Berlin
qui n’eut lieu que le 8 à 23 heures et quelques minutes, heure de Berlin :
on était déjà le 9 mai en Russie. Trois dates pour un même événement.
Chaque
année, la France fête solennellement cet anniversaire qui est celui de la fin
de l’occupation allemande. En grande pompe. Mais chaque année aussi, la France doit
faire un examen de conscience que lui impose la commémoration, cette fois-cis
en Algérie de cette date… autre lieu, autre symbole, autre événement…
Le
8 mai 1945, alors que la France se libère, ses colonies bougent. A Sétif, à
Guelma, partout dans le Constantinois, des militants du mouvement
indépendantiste algérien manifestent pour réclamer l’indépendance. Dans l’euphorie
qui suit l’annonce de la capitulation allemande, les militants du Parti populaire
algérien (PPA) de Messali Hadj arborent fièrement le drapeau de l’indépendance.
Un policier tire sur la foule. Il tue un manifestant à Sétif. Des émeutes qui
font une centaine de morts dans les rangs des colons. Répression sanglante des
forces coloniales. 45.000 morts selon la mémoire collective algérienne, 17.000
et 20.000 blessés selon les services américains de l’époque, les historiens se
contenteront de parler de «milliers de morts». Assez pour approfondir la
fracture entre autochtones et colons et pour refonder le mouvement nationaliste
qui donnera la révolution algérienne, épique dans ses parcours, accomplie dans
son aboutissement… L’insurrection de novembre 1954 qui est le point de départ
de cette fabuleuse révolution algérienne.
Reste
cette plaie… La France, prompte à reconnaitre le «génocide arménien», refuse
encore de reconnaitre le mal fait et de s’excuser en conséquence… sujet de
discorde entre les deux pays…