L’«Union des littéraires et écrivains mauritaniens»,
c’est le nom que se donne l’association sensée rassembler poètes, romanciers,
nouvellistes et créateurs mauritaniens. Créée en 1975, elle fonctionne selon un
statut qui date du 19/01/1976 et qui a été plusieurs fois amendé et corrigé. Par
la force des choses, elle est essentiellement une affaire entre littéraires …arabes,
entre ceux qui composent en Arabe classique et ceux qui créent en poésie
dialectale Hassaniya. Très peu d’auteurs francophones et/ou des langues
nationales. Il faut chercher vainement parmi les 29 membres du Conseil
supérieur et les 31 membres du Bureau exécutif pour trouver un nom susceptible
de faire porter une voix autre que celle de la création littéraire classique
arabe ou populaire hassaniya. Le premier grief qu’on peut faire à cette
organisation.
Vous pouvez lire tous les textes la fondant – le statut, le
règlement intérieur – il n’est fait nulle part référence à la nécessité d’incarner
la diversité culturelle de la Mauritanie. Bien sûr que parmi les objectifs
figurent la nécessité de faire porter la voix de la Mauritanie dans le Monde
Arabe, en Afrique Noire et dans le Monde. Mais quelle voix nationale ?
Aucune place à une dynamique interne à même d’impliquer toutes les créations
littéraires mauritaniennes. Deuxième grief.
Il y a quelques trois ans, l’Union a bénéficié d’un soutien
financier substantiel de la part des autorités publiques. C’est ainsi qu’une
subvention de 60 millions lui est versée annuellement. Une manière de faire
passer tout ce que le Président de la République avait dit de la poésie et des
poètes il y a quelques années. C’est certainement ce pactole qui a ouvert les
appétits et qui a remué les ambitions. Un pactole dont la gestion n’est pas
contrôlée – incontrôlable probablement. Ce qui laisse libre cours à toutes les
malversations. Ne vous étonnez point donc de tout le tumulte provoqué par le
renouvellement du Bureau qui devait intervenir ce samedi, n’était une
interférence impromptue de la justice qui a décidé de surseoir à la tenue de l’Assemblée
générale suite à une plainte déposée par l’une des parties en course pour la
présidence. Pour comprendre cet imbroglio, place aux faits.
Par décision du Bureau exécutif réunion le 17 avril 2015, la date
de l’Assemblée générale a été fixée au samedi 25 avril. A cette réunion 21 des
31 membres étaient présents. Du coup, les candidatures furent ouvertes et comme
les textes le prévoient, une commission chargée de superviser les adhésions a
été désignée pour valider les candidatures déposées ces dernières semaines. Il faut
signaler ici que si le rythme des adhésions a toujours été très faible, il s’est
accéléré ces dernières semaines de manière à provoquer quelques suspicions.
Entre 1976 et 2012, 132 adhésions ont été enregistrées, alors que l’on
a compté près de 500 dossiers de candidatures ces dernières semaines. C’est
pourquoi la question est devenue un enjeu principal dans le processus du
renouvellement des instances dirigeantes de l’Union. Taisons toutes les
querelles personnelles, tribales, régionales et tout le reste.
La commission chargée de valider les adhésions devait décider le
gel du processus d’adhésion pour après l’Assemblée générale. Décision entérinée
par le Bureau exécutif. La plainte est donc déposée pour contester cette
décision. La justice a suivi sans expliquer pourquoi elle s’en mêle. N’empêche,
on en est là.
L’Union des littéraires et écrivains mauritaniens a besoin d’apporter
une sérieuse réforme à ses textes, à se moderniser, et surtout à s’ouvrir sur l’ensemble
des expressions littéraires mauritaniennes. Elle a besoin de quelqu’un qui ne
soit pas enfermé sur lui-même, quelqu’un qui a l’atout d’autres langues, y
compris les langues dites nationales et qui ne sont que des piliers de cette
culture nationale riche de sa diversité. L’image qu’elle doit donner est celle
d’une Mauritanie multiculturelle, profondément enracinée dans son ancrage
africain et arabe. Son futur président doit être choisi selon les critères qui
le prédisposent à la restaurer, à lui rendre sa vocation première qui est celle
de promouvoir la création littéraire dans ce pays qui a décidé, depuis quelques
décennies, de faire la guerre à la culture et à la création.
Pour ce faire, il est du devoir des autorités,
du ministère de la culture en premier, de donner un coup de balai dans la ruche
pour imposer un processus qui va dans le bon sens. La décision judiciaire peut
être mise à profit pour rappeler poètes et écrivains à l’ordre. Pour leur
demander éventuellement des comptes.