Une semaine après la fin de la grève qui a secoué toute la région,
Zouérate offre l’image d’une ville bien tranquille. De loin, nous avons vécu
les 63 jours de grève comme un processus qui menait fatalement aux
débordements. D’abord le pourrissement de la situation avait mis en danger la
cohésion sociale, au-delà des risques qu’il faisait courir à l’entreprise.
Ensuite les malveillances politiques entretenaient une atmosphère délétère qui
pesait elle aussi comme une épée sur la tête des habitants, voire de tous les
Mauritaniens.
Il y a une semaine, grâce à la médiation du Maire de Zouérate,
Cheikh Ould Baya les deux parties sont arrivées à un accord qui permettait le
retour immédiat au travail des travailleurs comme l’exigeait l’entreprise et
l’ouverture de négociations immédiatement après comme le demandaient les
grévistes.
Pour parvenir à cet accord il a fallu au Maire utiliser toutes ses
capacités de médiateur et de négociateur. Il fallait «murir» les
attitudes déjà tranchées des protagonistes, pour les amener à de meilleures
prédispositions. Il fallait aussi éliminer l’élément interférence extérieure
pour mettre la pression sur les délégués qui étaient plus attentifs aux
messages qui leur parvenaient de Nouakchott qu’aux exigences de la situation à
Zouérate et dans la mine.
Une stratégie de communication fut savamment déployée. Elle
consistait à faire participer le maximum d’acteurs locaux pour permettre à la
masse de suivre le déroulé des négociations. Il n’était plus question de
laisser aux délégués grévistes le monopole de l’information. En suivant le
déroulement des négociations, la masse des travailleurs déjà fatigués par deux
mois de mobilisation sans ressources, cette masse fera pression elle-même sur
les délégués. Au moment de signer, les délégués grévistes n’avaient plus le
choix : le mouvement s’estompait de lui-même et la démobilisation dictait
la conduite à tenir…
Avec la signature de l’accord le 3 avril dernier, la ville
retrouvait son calme, les travailleurs reprenaient la route des mines et
l’espoir de normalisation prenait le dessus.
La visite du Président de la République était attendue comme le
moment d’expiation qui permettra à tous de dépasser les blocages psychologiques.
Les réunions de cadres ont vite pris la forme d’une catharsis collective qui,
on l’espère, a donné l’occasion de vider l’abcès pour permettre d’aller à
l’essentiel et d’accepter les sacrifices qui sont exigibles par le moment.
Les négociations entre la SNIM et les délégués de ses travailleurs
reprennent dans une atmosphère de recherche de compromis. Il ne s’agit plus
pour l’un ou l’autre de mettre à genoux le protagoniste, mais de chercher et de
trouver un terrain d’entente permettant à l’un et l’autre de restaurer la
confiance, de réhabiliter la valeur travail et de se donner les moyens de faire
plus et mieux.
Ce sont les leçons qu’on pouvait tirer de cette
visite présidentielle de quarante-huit heures. Une visite qui a permis de
lancer des projets, de voir l’état d’avancement de certains autres dans une
région qui reste enclavée malgré toute sa richesse. La route la reliant aux
autres régions du pays est en bonne voie. Le projet des six cents logements
accentue l’allure de ville minière.