C’est
la cinquième chaine privée lancée en Mauritanie. Depuis hier, Al Wataniya émet
régulièrement. Son directeur Hanefy Ould Dehah a fait appel à de grands
professionnels dont Brahim Ould Abdallahi qui a été directeur de la première
télévision nationale, alors jumelée avec la radio. Cette expérience est
associée à de jeunes talents. On espère qu’avec cette équipe, Al Wataniya
pourra proposer un contenu nouveau et porteur.
Avant-hier
soir, et pour combler un vide né du report d’une rencontre avec Messaoud Ould
Boulkheir, président de l’Assemblée nationale, Hanefy Ould Dehah a animé
lui-même un débat sur la participation aux prochaines élections. Il était prévu
d’opposer deux points de vue : celui d’un participationniste et celui d’un
boycottiste. Au début, c’était Mohamed Ould Khlil qui devait représenter le
point de vue du boycott, alors que celui de la participation était représenté
par Maokhtar Ould Dahi, membre du directoire de l’UPR et Ambassadeur de la
Mauritanie à Rome. Finalement Ould Khlil a décliné, prétextant que Ould Dahi n’est
pas comme lui «un vice-président» de son parti comme il l’est lui-même à
l’UFP. Puis il a été décidé que c’est le responsable de la communication du
parti, Bebana Ould Gawad qui représentera ce point de vue. Malheureusement,
celui-ci n’a pu rejoindre le groupe pour des raisons indépendantes de sa
volonté. Ce qui fait que le débat était quelque peu faussé. Nous restait qu’une
remarque : Les absents ont toujours tort, quelque soit par ailleurs la cause
de cette absence.
Si
l’on élargit cette conclusion aux élections, on dira que le boycott peut être
fatal pour les partis politiques qui l’adoptent. L’expérience de 1992 est là
pour nous en donner la preuve. Rappelons combien était essentiel le rôle du
boycott dans la déliquescence des partis d’opposition de l’époque : l’Union
des forces démocratiques (UFD) devait éclater en mille morceaux, les cadres et militants
de l’opposition ont été débauchés, vidant le travail politique de sa substance…
C’est aussi cette décision qui a été la cause de la «paralysie de la démocratie»…
Quand
survient le coup d’Etat salvateur du 3 août 2005, qui tenait encore dans les
rangs de l’opposition ? Le président du Rassemblement des forces
démocratiques (RFD) et quelques fidèles… Les autres partis sont alors en plein
processus de compromission avec le pouvoir dans la mesure où le «compromis
historique» proposé sous forme de dialogue avec le pouvoir n’a finalement
rien signifié en termes d’ouvertures et d’entente.
Si
l’opposition a reculé à l’époque, c’est bien parce qu’elle s’est volontairement
mise à l’écart. L’erreur a été d’opter pour le boycott sans proposer de
solution alternative. Ce qui devait relever d’un manque de discernement et une
incapacité à faire la part des choses, notamment à mesurer le rapport des
forces, devient apparemment un mal congénital parce que nous en sommes là :
les mêmes qui ont souffert et regretté le boycott de 1992 refusent aujourd’hui
d’aller aux élections.
Il faut espérer que quand les élections se dérouleront
et quand il va falloir en tirer des conclusions, il se trouvera quelqu’un pour
se rappeler que des compagnons sont restés au bord de la route…