mardi 9 avril 2013

Qui est qui ? qui est quoi ?


Hier, à la conférence de presse organisée par le président du parti ADIL, Yahya Ould Ahmed Waqf, les journalistes et les politiques n’étaient visiblement pas contents. Les uns des autres.
L’ancien Premier ministre de Ould Cheikh Abdallahi, a insisté sur la méconnaissance de son dossier par la presse qui s’abstient jusqu’à présent de faire les investigations nécessaires pour en savoir plus. Pour certains médias, on s’est contenté de relayer les rumeurs selon lui. La presse refusant d’enquêter elle-même pour prouver qu’il s’agit d’une instrumentalisation… On peut comprendre les reproches adressés à la presse par l’ancien Premier ministre poursuivi dans le cadre de l’affaire du riz avarié vendu au CSA dans le cadre du Programme spécial d’intervention (PSI) qui a fini par prendre l’allure du fameux programme d’urgence qui avait coûté très cher à la Mauritanie sous Ould Taya.
Moins compréhensible fut la «déception» exprimée par nombre de mes confrères. Les uns ont dit leur surprise quant au sujet de la conférence de presse : ils attendaient plutôt l’annonce d’un virage du parti ADIL qui devait regagner soit la CAP (coalition des partis d’opposition ayant participé au dialogue), soit la COD (coordination des partis rejetant le dialogue avec le pouvoir et exigeant le départ du  Président Ould Abdel Aziz). Le reste importe peu pour eux.
D’autres ont été déçus par les propos sur l’existence d’une liberté d’expression totale en Mauritanie. Il n’y a pas lieu selon eux de pavoiser parce qu’au fond, la situation n’a guère changé.
Dans les relations qui doivent exister entre l’homme (ou la femme) politique et le (ou la) journaliste, il y a un grand risque : celui de voir le premier chercher à inféoder le second qui, à son tour, commencerait à jouer le rôle du premier. Si un équilibre n’est pas trouvé par le politique dans sa quête légitime d’un médium qui pourra transmettre son message, et par le journaliste dans sa vocation de «fouineur» dérangeant, si cet équilibre n’est pas trouvé, de nombreux amalgames seront faits.
Surtout que nous sommes dans un pays où la lutte de classement est très forte. C’est elle qui détermine le positionnement de chacun de nous. Et chacun de nous est obnubilé par la place et le rôle qu’il doit jouer, sans pour autant savoir exactement lequel. Le «touche-à-tout» est le «’alimou koulli vannin» des temps modernes.
Quand vous suivez l’émission du Ramadan qui rassemble médecins et Erudits religieux, vous êtes inévitablement surpris par les réponses qui indiquent une inversion des rôles. C’est ainsi que le médecin fait des fatwas, l’Erudit propose des ordonnances.
Cette inversion des rôles créent des concurrences mal placées entre des gens qui ont plutôt vocation à s’entendre et à se soutenir. Comme elle ajoute à la confusion générale. Nous sommes dans une société où l’urgence est de savoir qui est qui et qui fait quoi.