C’est sans doute l’information du jour : Dr Moulaye Ould Mohamed
Laghdaf, resté Premier ministre pendant plusieurs années (en fait d’août 2008 à
août 2014), revient aux premières loges en devenant Ministre secrétaire général
de la Présidence. Ce poste fut conçu pour coordonner l’action de tout
l’Exécutif et son occupant devait jouer le rôle d’interface entre la présidence
et le Premier ministère (ou le gouvernement). Mais la succession à ce poste de
personnages insignifiants lui a fait perdre son rôle et son poids. Au lieu
d’être perçu comme un Premier ministre bis, le secrétaire général de la
Présidence a fini par devenir un conseiller si ce n’est un attaché de cabinet
de plus à la Présidence. La nomination de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf
peut-elle signifier une réhabilitation du poste ?
Homme de confiance qui a su (ou pu) accompagner Ould Abdel Aziz aux
moments difficiles, Ould Mohamed Laghdaf a été chargé de superviser le dialogue
politique qui a fini par ne concerner que la Coalition pour une Alternance
Pacifique (CAP formée par l’APP de Messaoud Ould Boulkheir, Wiam de Boydiel
Ould Hoummoid et Sawab de Abdessalam Ould Horma). Avec cette expérience, Ould
Mohamed Laghdaf est pressenti par certains observateurs comme le futur
vis-à-vis de l’opposition dans le dialogue attendu. Même si l’enclenchement de
ce dialogue a été du fait du Premier ministre actuel, Yahya Ould Hademine qui a
déjà remis une proposition de thèmes au secrétaire permanent du Forum national
pour la démocratie et l’unité (FNDU). Cette feuille de route est le
deuxième acte d’un processus dont on ne voit pas clairement le déroulement.
Tout commence par une énième proposition de dialogue élaborée par le
président Messaoud Ould Boulkheir. Après quelques rencontres avec le Président
de la République d’une part et les leaders les plus en vue de l’opposition
d’autre part, Ould Boulkheir consigne ses propositions dans un document qu’il
fait parvenir aux autorités.
La proposition de Ould Boulkheir s’étale sur quatre étapes dont la
première consiste en une rencontre préliminaire entre le Président de la
République et les leaders de l’opposition, «à sa convenance, ensemble ou
individuellement». L’objectif est de «les rassurer quant à sa volonté
sincère d’échanger avec eux sur tous les problèmes majeurs du pays dans le but
d’aboutir, ensemble, à des résultats qui garantiront au pays une transition
consensuelle, rassurante, paisible, civilisée et démocratique». A ce stade,
les rencontres «valent également déclaration solennelle d’intention et
engagement des deux parties à accepter et à respecter les clauses»
énumérées ensuite.
Engagements : ne pas
recourir à la violence pour changer le pouvoir, ne pas remettre en cause la
limitation des mandats présidentiels, ne pas soutenir un successeur désigné,
adapter la législation et la réglementation en vigueur «pour prémunir le
pays contre les dérapages et les extrémismes de toute nature susceptibles de
porter atteinte à l’unité et à la sécurité du pays» (?), promouvoir une
administration «au service de tous» loin des jeux politiques et «une
justice pour tous, indépendante et crédible», restructurer la CENI et le
Conseil Constitutionnel «sur les seuls critères de la compétence et de
l’intégrité», couper les liens entre les partis soutiens du Président de la
République et l’administration, reconsidérer le leadership de l’Opposition
démocratique (Statut de l’Opposition), «interdire par tous les moyens légaux
et réglementaires l’implication de l’Armée Nationale dans les activités
politiques autres que le droit de vote universel», amender la Constitution
pour «supprimer la limitation de l’âge des candidats aux présidentielles, y
définir et y changer le mode de désignation des membres du Conseil
Constitutionnel», pour finir par proposer «l’organisation de nouvelles
élections municipales et législatives inclusives et le report des élections
sénatoriales en vue d’y rendre possible la participation la plus large».
Les deux parties désignent alors leurs représentants aux négociations
formelles qui devront se tenir «à l’abri des médias». Suivra ensuite
l’ouverture officielle et solennelle et la dernière étape qui est celle de la
mise en œuvre des termes de l’accord.
Le papier est daté du 7 janvier 2015. La
réponse viendra le 14 janvier sous forme de feuille de route remise de
main à main par le Premier ministre Yahya Ould Hademine au Secrétaire permanent
du FNDU, Mohamed Val Ould Bellal (voir le posting prochain).
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