La CENI a (enfin) annoncé la tenue prochaine des
élections législatives et municipales. Ce sera dans la fourchette située entre
le 15 septembre et le 15 octobre. Passé le moment de surprise, nous sommes en
droit de nous demander, pourquoi cette annonce maintenant ? pourquoi ce choix
et qu’est-ce qui a été fait pour amener tous les protagonistes politiques à
participer ?
Dans son communiqué la CENI explique que cette annonce
est une étape dans un processus qui lui a permis de compléter la prise en main
de toute l’opération électorale. Jusqu’à l’organisation du recensement à
vocation électorale qui détermine la liste électorale. La décision ferait suite
aussi à une série de concertations avec les différents partenaires politiques. Il
faut peut-être nuancer ici.
Si la CENI a bien eu des entretiens avec les partis de
la Majorité et ceux de la CAP, et même d’autres partis comme l’AJD/MR qui n’appartiennent
ni à l’un ni à l’autre des camps, elle s’est contentée d’adresser un courrier
aux partis de la COD. Un courrier les invitant à prendre langue avec l’organe
en vue de discuter de la tenue prochaine d’élections. Sans plus de précisions. La
CENI n’a pas eu de réponse depuis.
En réalité, les conditions techniques peuvent être –
et seront certainement – remplies d’ici la fourchette indiquée. Mais qu’en
est-il des dispositions politiques et mentales ? Est-ce que les
protagonistes politiques auront assez d’ouverture d’esprit pour avancer vers un
dialogue autour des élections ?
Si l’on estime que les exigences et les comportements
des uns et des autres ont fatalement mené à une situation de blocage, du moins
sans perspective, on peut espérer que la décision de la CENI de donner une date
pourrait constituer un stimulateur vers un dialogue inclusif. Cette fois-ci
autour de questions bien précises : les conditions pour garantir l’organisation
d’élections fiables et régulières, donc acceptables par tous.
Pour ce faire, les protagonistes doivent
nécessairement adopter des attitudes neuves. Côté Pouvoir, des garanties de «bonnes intentions» doivent être données
et au plus vite. La plus significative d’entre elles, pourrait être un
remaniement ministériel qui toucherait quelques départements dont le ministère
de l’intérieur. Le choix d’un ministre «technocrate»
permettra certainement d’ouvrir une brèche par laquelle l’implication de tous
sera possible. En fait, si l’on trouve une personnalité qui allie expérience
dans le domaine électoral, connaissance de l’administration, neutralité politique
(même relative), tout est possible. On peut élargir à tous les départements
concernés par les élections.
Côté Opposition
(COD), on peut espérer que les leçons du passé seront retenues et capitalisées.
Comment, l’Opposition a compromis le processus démocratique par son boycott en
1992, comment elle a perdu le temps et la capacité de mobilisation en 2007 et
2009, surtout qu’elle doit impérativement réfléchir à comment éviter de se
mettre hors jeu par le refus de participer. Mais participer demande des
conditions minimales qui doivent tourner sur l’organisation pratique des
élections. A cette Opposition d’élaborer une plate-forme claire et réalisable. Si
le principe du boycott est exclu, tout est possible. Par contre, s’il est
retenu nous allons répéter l’expérience de 1992. Celle qui a vu l’opposition se
mettre hors jeu, avant de se faire laminer. Il a fallu 13 ans de rumeurs sur la
maladie de Ould Taya, sur ses rapports «défectueux»
avec tel ou tel de ses alliés, sur les faux complots, les dissidences factices…
Le régime allait survivre plus de 13 ans «grâce»
à la décision de boycott. C’est ici qu’il faut situer le péché originel de
cette classe politique que la haine du pouvoir avait empêchée de voir loin et d’agir
dans le sens de l’intérêt général. C’était en février-mars 1992. Nous sommes en
février-mars 2012. 20 ans après, les acteurs de la scène politique – dont la
plupart sont les mêmes – vont-ils tirer la leçon ?
En attendant de savoir, on doit considérer que la démarche de la CENI
constitue une initiative nouvelle sur la voie de la recherche d’une solution,
dans la mesure où elle est perçue comme une opportunité de convergence.