Cela
fait quelque temps que les opinions publiques arabes ont oublié la cause. En fait,
le «printemps arabe» a fait passer la cause palestinienne en second rang. Dans les
deux pays où ce printemps a abouti à un changement de régime, nous ne savons
plus si l’on doit parler de «printemps» ou «d’hiver». Le froid qui souffle sur
la Tunisie et sur l’Egypte ne présage pas forcément de lendemains meilleurs que
ceux du passé. Et la révolution risque vraisemblablement d’y être juste un
changement de bourreaux et de victimes. Et dans ce tumulte, la Palestine a été
oubliée. Jusqu’au jour où Israël, dans son incommensurable arrogance guerrière,
décide de frapper à nouveau. Quelques dirigeants militaires du Hamas tombent et
c’est l’escalade. Les bombes pleuvent sur les têtes d’une population déjà
largement éprouvée par un blocus qui dure depuis des années… Moins violente
cependant que la guerre de 2009…
Contrairement
à ce qui a été dit ça et là, rien n’a changé pour les Palestiniens. Il ne
suffit pas de déplacer des hauts responsables d’Egypte ou de Tunisie à Gaza
pour dire que les choses ne sont plus comme avant. Surtout que ces visites ont
plus pour objectif de faire pression sur le Hamas pour avoir une trêve et du
coup faire jouer aux nouveaux gouvernements un rôle sur l’échiquier
international. L’occasion pour eux et pour la mouvance islamiste dont ils se
réclament de normaliser ses relations avec un Occident qui n’a pas changé
pourtant sa vision vis-à-vis du monde auquel nous appartenons. Voire de se
rendre utile ou même indispensable dans le jeu des puissances.
Rien
n’a changé. Les bombes israéliennes pleuvent, les civils palestiniens crèvent,
la Ligue Arabe se réunit et condamne. Et alors ?
C’est
sur Sahel TV que j’ai vu les images de la manifestation organisée à Nouakchott.
Quelques deux mille personnes, avec des leaders qui se battaient pour les
premiers rangs. Et qui gardaient le sourire malgré la gravité du moment et les
sérieuses divergences qui les divisent. Il faut revoir ces images pour
comprendre où en sont nos hommes politiques ou du moins ceux d’entre eux qui
essayent de garder la main.
La
cause palestinienne aurait pu nous unir. Dans un même élan on aurait dû voir
UPR et COD, côte à côte manifester pour dénoncer la barbarie et l’injustice. Chacun
a voulu en faire une chasse gardée, une spécialité de son camp, voire de son
parti. Alors que la cause appartient à tous.
Le propre du personnel politique mauritanien est qu’il
ne sait pas ce qui le divise ni ce qui l’unit. Il nage dans une eau boueuse qui
l’empêche de se mouvoir correctement ou de voir s’il y a quelque branche à
laquelle il peut s’accrocher…