Le
départ de Sidi Ould Tah est la raison principale de ce remaniement qui n’a
finalement touché que trois départements.
D’abord
le département des affaires économiques et du développement occupé par Ould Tah
depuis le 31 août 2008 et la formation du premier gouvernement des lendemains d’un
certain 6 août. Un record de longévité qui sera difficilement battable sous la
présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz. C’est finalement Sid’Ahmed Ould Raïss, l’ancien
gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie (BCM) qui hérite du portefeuille.
On
savait que l’homme était en instance de retour depuis que, répondant à une
question concernant le lien de son limogeage avec l’affaire Maurisbank, le
Président avait dit au journaliste qui posait la question : «… qui vous
dis qu’il (Ould Raïss, ndlr) n’est pas destiné à d’autres fonctions ?».
C’est fait.
Sid’Ahmed
Ould Raïss est, dans l’entourage de Ould Abdel Aziz, le mieux indiqué pour
succéder à Ould Tah qui va à la Banque arabe pour le développement économique
de l’Afrique (BADEA). Ancien ministre des finances et Gouverneur de la BCM,
Ould Raïss connait bien le dossier des affaires économiques. L’habitude de
côtoyer, de discuter, de négocier avec les partenaires techniques et financiers
du pays lui donne quelques atouts dont on a besoin en ces temps où les
relations avec le FMI connaissent un relâchement non déclaré. La méthode de
gouvernance du département pourrait ne pas subir de grands changements :
le ministre restera le seul maitre à bord…
Deuxième
«mouvement», celui opéré au ministère de la Justice qui accueille une
nouvelle figure : Me Brahim Ould Daddah. Un nom qui revient dans la sphère
de l’Exécutif, il y a tentation de titrer : «Un Ould Daddah au
gouvernement, jamais vu depuis 1978». Jusque-là conseiller à la Présidence
de la République, Me Brahim Ould Daddah a fait ses preuves dans plusieurs dossiers
de négociations (Dakar, les Chinois dans la pêche…). Il va au gouvernement
comme ministre d’un secteur qu’il connait bien. Son prédécesseur, Sidi Ould
Zeine, grand économiste de renom, a pu faire avancer bien des dossiers,
notamment celui des prisons et ceux liés à l’esclavage et au volet mesures à
prendre au niveau de la Justice dans la feuille de route élaborée par le
gouvernement en accord avec l’organisme chargé des Droits de l’Homme aux Nations-Unies.
Mais la réforme fondamentale du secteur judiciaire attend encore. Elle demande
certes un engagement politique déterminé, mais aussi une vision clairement
définie du département. L’avocat saura-t-il faire sauter le verrou de l’immobilisme ?
Sidi
Ould Zeine succède à Ismael Ould Sadeq au département de l’habitat et de l’urbanisme.
On peut se demander ce que vient faire l’économiste dans cette galère où l’on
ne parle que de gazra et de kebba. Pourtant, les capacités de l’homme à élaborer
une vision, puis à la présenter et à la défendre, lui donnent la chance de
pouvoir être celui par lequel les objectifs initiaux, notamment l’éradication
de la gazra, seront réalisés. Avec aussi cette possibilité d’amener les
populations à s’approprier la stratégie mise en œuvre. Du coup, l’opération qui
est perçue jusqu’à présent comme une opération technique vaine, peut être
réalisable. Surtout que son aspect politique et social sera mis en évidence par
un ministre qui peut rester à l’écoute des populations et qui a le courage d’aller
au-delà des blocages qui empêchent jusqu’à présent l’éradication de la gazra.
En
somme, le remaniement n’est pas celui annoncé par les salons de Nouakchott. Il n’est
pas celui attendu par l’opinion publique. Il n’est pas non plus le remaniement
que dicte la conjoncture. Mais le Président Ould Abdel Aziz a toujours préféré
opérer par remaniement partiel jusqu’à aboutir à un renouvellement de ses
gouvernements.