Il
s’appelle Maxime Hauchard. Il a été formellement identifié comme ressortissant
français faisant partie des éléments de l’Etat Islamique en Irak et au Levant
qui ont exécuté les dix-huit soldats syriens captifs en même temps que
l’Américain Peter Kassig dont la décapitation a choqué plus que celle des
Syriens.
Je
suis sûr avoir croisé plusieurs fois cet homme dont l’image apparait sur toutes
les chaines françaises. Plusieurs fois, nous avons été sur la même ligne de
prière dans la mosquée que je fréquente. J’avais remarqué qu’il ne maitrisait
pas les préceptes et m’étais promis secrètement de l’aborder pour l’inviter à
suivre des cours auprès de notre Imam. Mais chaque fois que j’essayais de
l’aborder, je sentais un rejet de sa part, une sorte de refus de contact. Je
n’insistais jamais, parce que finalement cela m’intéressait fort peu. En
revoyant les images, je retrouve le même air détaché, mystérieux, un peu perdu.
Je comprends alors son cheminement.
En
général, ce sont ces êtres fragiles qui tombent facilement dans le piège de la
rédemption par la voie du Jihad. Ils sont parfois les rebus d’une société
violente dans ses rapports avec ses individus. Cela se traduit chez eux par un
parcours plutôt chaotique qui les mène un moment à la grande délinquance. Il
s’agit parfois d’âmes perdues dans le tumulte de la société de consommation et
qui cherchent la tranquillité et la sécurité dans une foi rénovée. Pour se
retrouver aux mains de gourous qui en font ce qu’ils veulent. Le Jihad est
alors présenté comme l’un des piliers de l’Islam. Le ressentiment contre cette
société qui était déjà «injuste» et «oppressante», se double d’une conviction
qu’elle est «mécréante» et «satanique». Ce qui légitime toute action
contre elle et contre l’ordre «inique et
arbitraire» qu’elle impose aux hommes…
Au
début était la guerre de Syrie, celle menée «pour mettre fin au régime de la dictature de Bachar Al Assad».
Poussés par les monarchies de la région, les Occidentaux ont d’abord vu dans
cette guerre le moyen de redistribuer de nouvelles cartes et de renverser le
rapport de force en faveur d’Israël et de leur politique dans la région. Ils
ont alors laissé passer des milliers de combattants vers la Syrie sans tenir
compte des mises en garde de leurs diplomates, de leurs spécialistes, de leurs
renseignements… Cette guerre a fini comme ont fini celles d’Afghanistan,
d’Irak… un chaos indescriptible, une violence générale et une aggravation de la
menace contre le Monde.
Pour
la France, cela s’est traduit par le départ de plus d’un millier de combattants
sur le terrain. C’est le retour de ces Jihadistes qui pose problème et fait
débat aujourd’hui dans ce pays. Tant qu’il s’agissait de Maghrébins ou de «colorés», en général, il était facile
d’accuser les ratés de l’intégration et le refus supposé des communautés issues
de l’immigration d’accepter les règles de la République. La présence de «Français de souche» parmi les
Jihadistes, le fait d’en trouver aux premières loges d’une mise en scène
macabre et leurs origines sociales (en général des familles de «bons catholiques» et parfois de Juifs
convertis à l’Islam), tout cela perturbe les thèses de plus en plus partagées
du Front national dont la présidente, Marine Le Pen soutenait il y a peu que le
fondamentalisme ne poussait pas «dans les
prairies de la Normandie». Même l’élite bienpensante de gauche a commencé à
reprendre ces thèses et à adopter les attitudes qui alimentent un racisme
ambiant.
Finalement, «leurs»
enfants, comme les nôtres, peuvent basculer dans l’horreur et trouver dans la
violence une voie de rédemption. C’est ce qui choque le plus ces jours-ci en
France, mai aussi dans toute l’Hémisphère nord.