Un
évènement, s’il en est ! L’activiste Birame Ould Abeidi a choisi cette
journée de vendredi pour manifester son refus de ce qu’il considère être l’hégémonie
du rite malékite qu’il juge esclavagiste. Deux actes ont fondé ce que Birame et
ses amis considèrent être une résistance contre cette hégémonie et ses tenants.
Une
prière du vendredi conduite par un membre de l’organisation et dans laquelle le
prêche a été une violente diatribe contre les Fuqahas et autres exégètes qui
perpétuent l’esclavagisme, selon les militants, par leurs fausses
interprétations des textes coraniques et de la Tradition du Prophète (Sunna).
Cette prière sera suivie par un autodafé des livres considérés comme étant à la
base des dogmes du Malékisme qui est le rite exercée par le nord-ouest africain
depuis le 11ème siècle. Le premier d’entre ces livres-références
sera le Précis de Khalil (Moukhtaçar Khalil). En plus d’autres ouvrages qui
traitent du Fiqh malékite.
On
peut imaginer le tollé que cela soulève. De toutes parts, les condamnations ont
fusé. Premiers dérangés par les deux actes, ce sont les alliés politiques de
Birame Ould Abdeidi, surtout les Islamistes de Tawaçoul qui comptaient beaucoup
sur l’instrumentalisation de la question de l’esclavage, pratiques et
séquelles, pour enflammer les rues dans le cadre de la révolution programmée
depuis quelques semaines. D’ailleurs, le communiqué de ce parti était plutôt
«mou», en tout cas moins virulent que toutes les autres expressions contre
cette manifestation.
Deuxième
camp dérangé, celui de l’autorité politique qui a réussi jusque-là à éviter de
faire de Birame, une victime. Plus : l’autorité a réussi jusqu’à présent à
éviter de faire des prisonniers parmi les protestataires. Malgré tous les excès
enregistrés ici et là. Le geste de Birame engage la responsabilité des
autorités dans la mission de protection des croyances et des fondements moraux
de la société. Il est donc probable qu’il y ait une réaction de la justice qui
ne pourra se permettre de faire profil bas.
«Je
ne peux pas comprendre le geste», nous dit Me Mahfoud Ould Bettah, président de
la Convergence démocratique. Cette incompréhension est générale. Un acte de
provocation dont l’objectif premier est d’amener les autorités à arrêter Birame
Ould Abeidi et d’en faire une victime. Il y a quelques mois, l’intéressé qui
coordonnait avec certains segments de l’opposition, avait lancé l’idée de la
constitution d’un gouvernement de transition nationale. Il promettait la
divulgation de la composition de ce gouvernement pour les semaines à venir. On a
oublié cette promesse. Il revient d’un voyage en Europe et décide donc de
procéder à cet autodafé.
On sait depuis quelques siècles, que «là où on brûle
des livres, on finit aussi par brûler des hommes» (Heinrich Heine, Almansor)…
Rien, absolument rien ne peut justifier un tel acte.