«La presse
écrite mauritanienne se meurt. Elle rendra son dernier soupir sous peu, si des
mesures urgentes ne sont pas prises pour lui venir en aide. Fleuron des médias,
cette presse qui lutte depuis son avènement pour une Mauritanie juste, libre et
égalitaire et que ni censure, ni saisies, ni brimades ni privations n’ont fait
plier, est en train de disparaître». C’est en ces termes que les éditeurs
de la presse papier ont tiré la sonnette d’alarme sur leur situation
catastrophique. Le constat est fait aux termes d’un éditorial commun à
plusieurs journaux de la place.
«La
concurrence de l’audiovisuel, du net et de son corollaire, la chute drastique
des ventes, l’exigüité du marché publicitaire, l’absence de soutien des
pouvoirs publics qui ne lui accordent que la portion congrue d’un fonds d’aide
plus qu’insignifiant, alors qu’il devait lui être destiné en totalité» sont
autant de causes énumérées pour expliquer cette déchéance.
Pour les auteurs de l’éditorial, la presse écrite
vit les heures les plus sombres de son histoire. «Sans le soutien de l’Etat, elle est vouée à disparaître. Au Sénégal, au
Maroc et en France la presse écrite est subventionnée au même titre que les
syndicats et les partis politiques. En Mauritanie, très faiblement. Certes,
nous n’avons pas de culture démocratique et ceux qui nous dirigent admettent
toujours très mal la critique, partant du principe que celui qui n’est pas avec
moi est nécessairement contre moi, variante guère plus sophistiquée du fameux
’le chef a toujours raison’».
Dépassant la logique des syndicats et
organisations de presse, les éditeurs ont préféré créé évoluer vers la création
d’un comité de suivi qui aura pour mission la sensibilisation des décideurs et
de l’opinion publique nationale.
Il faut dire que les difficultés d’existence ne
sont pas l’apanage de la seule presse écrite, la presse audiovisuelle connait
sensiblement les mêmes problèmes, elle qui doit se battre encore pour exister.
Avec la disparition d’un ministère de la
communication, on ne sait plus où tourner la tête pour avoir un interlocuteur. Surtout
que depuis l’adoption de lois visant à renforcer la liberté d’expression, les
autorités n’entendent plus intervenir dans un secteur finalement dangereux.