«Al
Qaeda et ses alliés dans l’Azawad/Naissance et raisons du développement», c’est
le titre choisi par notre confrère Mohamed Mahmoud Ould Eboulmaaly pour son
livre qu’il consacre à Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) et son activité
dans le Nord du Mali.
Edité
par le centre des études d’Al Jazeera, le livre est une sorte de document qui éclaire
sur ce qui s’est passé dans cette partie du Sahel. En moins de 200 pages, ce
grand spécialiste de la question des mouvements jihadistes dans le Sahel, nous
offre une série de fresques dont chacune nous édifie sur un aspect de la
question.
Cela
commence par une introduction qui explique la démarche. La première partie est
consacrée à une monographie de l’Azawad, cette région malienne berceau de
toutes les rébellions, haut-lieu de sédition, devenue pour un moment un sanctuaire
jihadiste et une terre de refuge pour les trafiquants de toutes sortes.
Géographie,
histoire, sociétés… qu’est-ce qui prédispose cette région à devenir une source
d’instabilité ?
La
deuxième partie du livre est consacrée à AQMI. Genèse de son installation dans
la zone, avec notamment l’arrive du Group salfiste de prédication et de combat
(GSPC) après sa fuite de l’Algérie. Premières tentatives d’installation, non
sans heurts avec les pays voisins, notamment la Mauritanie, l’Algérie et le
Niger. Le gouvernement malien fermait les yeux, s’il ne se rendait pas complice
des activités criminelles des bandes installées sur son territoire.
De
«la conquête du Sahara» par le
GSPC à sa transformation en AQMI, les combattants auront pu s’installer et se
fondre dans le tissu social en apportant ce que l’Etat a été incapable d’assurer :
la sécurité, l’assistance et le partage. Comment se faisait l’allégeance et
quels sont les mouvements affiliés à celui de Belawar alias Mokhtar Belmokhtar.
Un
éclairage spécial sur «Ançar Allah al Mourabitoune vi bilad Chinguitt»,
la version mauritanienne de AQMI, puis sur la relation avec Boko Haram et enfin
sur l’intermède de la destitution de Belmokhtar.
La
troisième partie est consacrée aux structures de l’Emirat du Sahara avec ses
différents démembrements, ses katiba, ses saraya, ses leaders… Eclairage sur
les affrontements avec l’Armée mauritanienne et sur la prise d’otages.
La
quatrième partie est consacrée aux alliés de AQMI dans le Nord du Mali. Cela commence
évidemment par Ançar Eddine, l’organisation dirigée par le chef Ifoghas Iyad Ag
Ghali. Eclairages sur les relations entre ces mouvements et le courant
nationaliste de l’Azawad, sur aussi le Mouvement de l’unicité et du Jihad en
Afrique de l’Ouest (MUJAO), sur celui des fils du Sahara pour la justice
islamique (présents sur Aïn Amenas en Algérie), sur Ançar Echari’a et sur leurs
relations avec Belmokhtar.
La
cinquième partie est consacrée aux mouvements nationalistes de l’Azawad :
du Mouvement national pour la librétaion de l’Azwad (MNLA) au Gandakoï, en
passant par tous les mouvements qui se revendiquent une spécificité ethnique.
Le
livre est conclu par deux interviews exclusives accordées à l’auteur par deux
figures de AQMI : Mokhtar Belmokhtar alias Berlawar et Yahya Abul Hammam qui l’a remplacé à la tête de l’Emirat
du Sahara et qui a cherché à établir son autorité sur le territoire mauritanien.
Le style journalistique de l’auteur permet au lecteur
de prendre plaisir à lire ce document qui n’est pas seulement un livre à
parcourir, mais un outil à conserver tout près de soi. Au cas où le besoin d’en
savoir plus sur l’une ou l’autre des organisations se fait sentir.