Nous n’avons rien d’autre à faire que la politique. L’hivernage a été
excellent, mais la politique nous a assez occupés pour nous empêcher de
«cultiver notre jardin» pendant que c’est possible. Les terres cultivables
s’étendent partout, attendant que les hommes et les femmes décident de les
défricher, de labourer, de semer, pour pouvoir, demain, récolter. Non, sur la
route de l’Espoir, peu de terres semblent avoir été cultivées.
La raison essentielle est la paresse des Mauritaniens. Ils ont perdu le
goût du travail qui n’anoblit plus depuis qu’il y a les prébendes, les
passe-droits, les privilèges octroyés aux intermédiaires politiques, aux
thieb-thiabas de toutes sortes… C’est pourquoi la réhabilitation du travail est
une nécessité dont il faut faire une cause.
Il y a aussi la non application de la loi domaniale qui décourage les vrais
travailleurs de la terre. Quand on sait que la propriété tribale des terres est
encore forte, alors que la loi dit que «la terre appartient à celui qui la
travaille», on comprend le désintérêt des cultivateurs réels. La terre ne leur
appartenant pas, ils n’ont pas accès à l’outil de production et s’ils y ont
accès ce sera à un prix excessif (métayage, tribut…). Un souci que notre
encadrement national – autorités, opposants, société civile…- doit prendre en
charge pour le poser et faire des propositions le concernant.
Que ce soit au sud, dans la Vallée, ou ailleurs, le problème de la
propriété est central dans l’évolution sociale et économique du monde rural. Il
se pose de différentes manières selon les régions, mais s’exprime partout dans
l’incapacité pour certains, pour raisons de statuts sociaux, d’accéder à la
propriété terrienne.
Rien n’est entrepris pour mobiliser les énergies et disponibiliser les
terres à cultiver aux travailleurs qui veulent les travailler…