Notre confrère Alakhbar.info vient de lancer
son projet d’édition de mémoires et témoignages d’hommes politiques et d’acteurs
de la vie nationale. C’est avec les mémoires de l’ancien colonel Mohamed Khouna
Ould Haidalla, ancien président du Comité militaire de salut national (CMSN)
que l’agence alakhbar.info commence son entreprise. Ce qui s’explique, selon la
préface du livre parue en Arabe, par l’intérêt que suscite l’homme pour la
période qu’il a passé à la tête de l’Etat, environ quatre ans, alors que ses deux
prédécesseurs militaires n’ont pas accumulé un an et demi à eux deux. Ce qui en
fait «le deuxième Président» après Mokhtar Ould Daddah, selon cette lecture.
Les avis sont partagés selon l’éditeur sur le
régime de Ould Haidalla. Entre ceux qui pensent qu’il a été l’homme des
décisions «courageuses et fondamentales» (loi domaniale, interdiction de l’esclavage,
la pêche…), et ceux qui croient qu’il s’agit d’un régime dictatorial, policier
qui a posé les fondements de ce qui allait suivre…
L’ancien président s’est plusieurs fois proposé
pour aller à la conquête du pouvoir. En 2003, il a été le candidat d’une grande
coalition comprenant les Islamistes, sous prétexte qu’il était le plus indiqué
des candidats pour faire face au régime de Ould Taya et pour refuser le diktat
de celui-ci. On connait la suite : l’emprisonnement du candidat et de ses
principaux soutiens, les 18% des voix (la deuxième place quand même), et l’éclatement
de la coalition qui était autour de lui…
…J’ai reçu pour ma part une copie du livre. J’ai
cherché dans la table à matière l’épisode du 16 mars sur lequel je voulais
entendre l’ancien président. Page 123 et suivantes. J’ai été atterré. Aucune information
digne d’être au niveau du scoop ou même de l’éclairage. Aucune révélation. L’on
apprend que le colonel Kader serait parti pour avoir soupçonné le pouvoir de
vouloir le liquider, ce qui, selon Ould Haidalla était faux. Pour dire qu’il s’agit
d’un complot fomenté à partir de l’extérieur et nier toute dérive de son
pouvoir pour dire que les raisons de ses
détracteurs étaient tout à fait personnelles. Que ce soit Mohamed Ould Cheikh
Ould Jiddou qui aurait eu des démêlées avec la douane, Abderrahmane Ould Moyne
qui devait aller à la retraite, Moustapha Ould Abdeiderrahmane qui était à la
SOCOGIM, Haba Ould Mohamed Val… tous avaient, selon Ould Haidalla, des ressentiments
personnels pour s’opposer à lui. Reste à savoir ce qu’en pensent ceux qui
vivent parmi les hommes qu’il a cité… Une remarque avant d’en finie et en
attendant que je lise le livre «du Palais à la prison», le narrateur n’évoque
jamais les morts en invoquant les formules consacrées (rahmatu Allahi ‘alayhum),
ne semble rien regretter de l’époque…
Pour revenir à l’édition, c’est une excellente
idée que de créer une édition sous l’intitulé «c’est mon expérience» où l’éditeur
prend en charge les déclarations de l’auteur pour les arranger et les présenter
sous forme de livre. Une sorte de «shahidoun ‘ala el ‘açr» (témoin de son
temps).
Il est à rappeler cependant que les témoignages
et les mémoires de chez nous proposent un rapport «insolite» avec l’Histoire
qui est soit remaniée soit ruminée… Faire attention à cela.