On apprend aujourd’hui que le dispositif sécuritaire a subi
quelques changements dans ses commandements. C’est ainsi que le général de
brigade Mesagharou Ould Sidi devient Chef d’Eta Major particulier du Président
de la République en remplacement du général de brigade Dia Amadou mis à la
retraite. Ould Sidi gagne ainsi un poste de confiance pour sa proximité du
centre du pouvoir. Mais il quitte ainsi le Groupement général de la sécurité
routière (GGSR) qu’il a eu pour mission de créer. Son nom sera toujours lié à
ce nouveau corps que les Mauritaniens appellent : «terkit Mesgharou»
(les enfants de Mesgharou). Au-delà du sens profond de cette appellation qui
exprime d’abord un refus populaire de croire aux institutions, le Corps du GGSR
mettra du temps à se libérer de cette paternité. Son remplaçant, le colonel
Lebatt Ould Maayouf revient d’un «exil» à New York où il faisait office
d’attaché militaire auprès de l’ONU. C’est lui qui a joué le rôle de
coordinateur des actions mauritaniennes dans le cadre des opérations du
maintien de la paix dans le Monde. Avant cela, il est connu pour avoir subi un
arbitraire constant pendant les 20 années de règne de Ould Taya. Ould Maayouf
fait partie des premiers officiers réservistes formés en temps de guerre. Il sort
rapidement de la réserve mais son franc-parler et son penchant rebelle l’écartent
de la voie des promotions de l’époque. Il en profite pour parfaire sa formation
militaire à travers les stages et les cours qui lui sont offerts pour le mettre
hors-jeu. Il attendra le coup d’Etat de 2005 pour se voir réhabilité comme
officier digne de confiance de ses supérieurs.
Le général de brigade Mohamed Ould Meguett quitte les services de
sécurité extérieure et de la documentation (ancien BED) pour la Direction
générale de la sûreté nationale en remplacement du général Ahmed Ould Bikrine
admis à faire valoir ses droits à la retraite. Ould Meguett est remplacé au BED
par le général Mohamed Ould Znagui, ancien Chef d’Etat Major adjoint.Parallèlement, deux nouveaux ambassadeurs sont nommés : le premier aux Emirats Arabes Unis, le second au Qatar. C’est ainsi que Sidi Mohamed Ould Hanenna, jusque-là Ambassadeur-directeur au ministère des affaires étrangères va à Abu Dhabi où il devra renouer des relations anciennes et profondes. Alors que c’est Sidi Ould Mohamed Laghdaf, jusque-là Chargé d’affaires à Téhéran, qui va à Doha.
Les deux hommes partagent l’appartenance au corps des diplomates. Ils sont tous les deux formés pour exercer dans la diplomatie et ont jusque-là suivi un cursus qui les menait fatalement à occuper de grands postes dans la diplomatie.
Ces nominations sont les plus significatives depuis la formation du dernier gouvernement. En effet, les attentes sont grandes dans les milieux d’observateurs. L’on croit que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz hésite à engager son mandat : il a mis du temps pour prêter serment, pour former son nouveau gouvernement, «et maintenant, il prend son temps pour procéder à l’inévitable réaménagement de son dispositif». L’on attend ici du Président réélu de marquer le début d’un mandat qui doit être le dernier. Soit en mettant en place un système politique et administratif capable de lui survivre et donc de laisser en héritage à la Mauritanie un système à même de lui permettre d’asseoir une démocratie et une stabilité sans faille. Soit en rassurant sur l’avenir en prenant le contrepied des prophètes du malheur qui nous promettent mille dislocations, mille chaos, et en nous donnant un espoir qu’un futur prometteur est possible. Cela commence par le choix des hommes de son entourage immédiat. C’est ce qui est attendu.