Ce matin, j’ai entendu le correspondant de France24 à
Niono (Mali) dire une phrase comme «…les islamistes ont cherché à se cacher
sous ces arbres, ce n’était pas assez pour éviter la puissance de nos forces
aériennes…» Le mot «islamiste» revient souvent dans la bouche des reporters
– pressés et/ou fatigués – quand ils parlent des groupes armés qui subissent
les bombardements de l’Armée française.
Quand on dit «islamisme» cela renvoie désormais
à l’activisme politique militant qui est, dans son acception officielle, loin
de toute violence. Même si cela couvre plusieurs écoles, le mot désigne d’abord
ceux qui ont choisi le terrain politique visible et concurrentiel pour exprimer
leurs idées et leurs choix.
Même quand on parle de «Salafisme», on doit
savoir qu’il s’agit d’une idéologie qui n’est pas nécessairement violente. Elle
peut évoluer vers l’adoption d’une attitude violente qui considère que l’autre
est sur la mauvaise voie et qu’il faut le remettre sur la bonne voie même par
la force. De là à introduire l’exigence du «Jihad», il n’y a qu’un pas
allègrement franchi par les «Salafistes jihadistes» dont se réclament
tous ces mouvements qui opèrent au Nord du Mali, mais aussi un peu partout sur
les théâtres brûlant de Syrie, de Libye, du Yémen…
En Mauritanie, la presse peut adopter, en tous temps
et en toutes circonstances, les positions que lui dictent ses choix
idéologiques et ses lignes éditoriales. Pendant que le pays menait la guerre
aux bandes armées l’ayant attaqué dans ses frontières, des journaux et des
sites ont défendu la cause de l’ennemi en dénonçant les agissements de l’Armée
mauritanienne. Ce n’est qu’un exemple…
Ailleurs, la presse est tenue de s’aligner sur les «préférences
de la Nation». L’intérêt national permet de limiter les libertés, de les
conditionner et de diriger ainsi la presse. D’où le «nous» fréquemment
utilisé par les journalistes quand ils parlent des forces de leurs pays.
Consultez n’importe quel site mauritanien, il vous dira : «…l’Armée
mauritanienne… le Président mauritanien… la Mauritanie…», vous laissant l’impression
qu’on parle de la Papouasie-Nouvelle Guinée ou en tout cas d’un pays autre que
celui qui est le nôtre…Pourquoi ? Parce que… c’est certainement la
conscience que nous avons de nous-mêmes et du rapport que nous entretenons avec
cette portion de la terre qui reste étrangère dans le subconscient de la
plupart de nos élites… mais ça c’est une autre question.