samedi 31 décembre 2011

Adieu 2011…


L’année 2011 finit ce jour. Une année de plus est passée. Les années s’égrènent, une à une sans qu’on se rende compte que nous perdons un temps précieux.
La politique reste l’occupation première de l’élite mauritanienne. Elle le restera tant qu’elle est une source de revenu, de sécurisation de carrière et de promotion sociale. Les pratiques PRDS (parti-Etat, 1991-2005) ont fait que 98% de l’élite ont trouvé dans l’exercice de la politique la voix la plus aisée et la plus courte pour gravir les échelons, accumuler les biens et profiter de l’impunité ambiante. La politique est devenue un exercice permanent d’indignité et de mensonges. Sans risques pour ses auteurs.
Le jeu politique reste un exercice pour les plus doués dans l’irrespect du code de la route et autres réglementations sociales. Ceux qui clignotent à gauche et virent à droite. Ceux qui ont toujours un objectif déclaré, un objectif caché et un autre qui leur permet de ne jamais être stable dans le positionnement, ni constant dans les engagements.
L’école est toujours un dépotoir social, une sorte de fabrique de la nullité à ciel ouvert. C’est vraiment le Mal, avec un grand M. Et parce que l’ascension professionnelle et la promotion sociale ne sont pas le fruit d’un effort particulier, encore moins la conséquence de qualités particulièrement positives, l’école fournit la médiocrité ambiante et la cultive.
Malgré la multiplication des festivals, des émissions spécialisées dans la promotion de la musique ou de la poésie, malgré toutes les gesticulations, nous ne retrouvons pas le chemin de la prospérité, de la créativité et du rayonnement. Le «recul de la joie» - c’est comme ça qu’un ami à moi appelle la tristesse ambiante et qui est la cause, selon lui, de nos déboires – règne toujours, faisant de nous l’un des peuples les plus constipés sur terre. L’expression du bonheur est une condition de l’accomplissement individuelle et commun. Le Mauritanien n’est jamais satisfait et ne fait rien pour l’être…
Pas la peine de parler d’économie, de la fracture sociale, de la menace sécuritaire, de l’administration… cela nous attristera encore plus. Alors que nous sommes déjà trop tristes.
Mais l’année finit quand même avec quelques notes heureuses. Au plan politique, le dialogue politique a permis de discuter sans tabou, notamment des questions liées à la dévolution pacifique du pouvoir, les équilibres du pouvoir afin d’atténuer le régime présidentiel, la normalisation des institutions notamment de l’Armée… Il reste certes beaucoup à faire, des textes à affiner, des rôles à préciser, des missions à élargir… Il y aura toujours quelque chose à dire. Espérons que les députés de la République essayeront de le dire durant cette session qui tire à sa fin et qui a été réservée (presque) aux nouvelles lois issues du dialogue.
Le train de vie de l’Etat a considérablement diminué, avec lui la circulation de «l’argent facile»… «l’argent facile» désigne ici tous les fonds laissés en gestion à des prédateurs connus en vue de les traduire en projets de développement du pays et qui se retrouvent dans leurs comptes personnels : la création de nouveaux riches participait de l’exercice de la politique car cet argent est utilisé pour entretenir une clientèle politique au profit du parti-Etat. Ce «bien mal acquis» et facilement dilapidé, s’est considérablement tari. Tout le monde s’en plaint. Parce qu’on ne sait toujours pas ce qu’on veut…
On m’a raconté récemment qu’une vieille dame devait obligatoirement faire un voyage loin de chez elle, au moment où sa petite fille devait accoucher. La dame avait un vieil âne qui rechignait à quitter le campement. Son beau-fils et ses deux cousins entreprirent de faire avancer l’âne. Tiraillée entre la nécessité pour l’âne de continuer à être poussé et l’inquiétude pour sa fille restée seule, elle répétait : «continuez à frapper l’âne, revenez au campement». Traduisant ainsi son incapacité à faire le choix… n’est-ce pas une attitude bien de chez nous : ne jamais établir un ordre de priorité, toujours vouloir tout et tout de suite, tergiverser entre les choix différents… n’est-ce pas ?