Me
Hamdi Ould Mahjoub n’est plus le ministre de la communication et des relations
avec le Parlement. Il a été remplacé hier soir par Mohamed Yahya Ould Horma
jusque-là Chargé de Mission à la Présidence de la République et 1er
Vice-Président de l’Union pour la République (UPR), le parti au pouvoir.
On
attendait Ould Horma aux finances, lui l’ancien directeur général des impôts,
des douanes, haut fonctionnaire du département où il a acquis la réputation d’«incorruptible» au temps où la corruption
et l’indélicatesse dans la gestion des affaires étaient des valeurs cultivées
par le système auquel il a néanmoins appartenu. Le voilà qui va donc à la
communication. D’où l’«indice»
politique de ce remaniement.
En
même temps que lui, Aïcha Vall Mint Vergès prend le portefeuille des affaires
sociales, de l’enfance et de la famille. Elle est la responsable des femmes au
sein de l’UPR. Ould Horma est la deuxième personnalité du parti. C’est pourquoi
on pense ici et là qu’il s’agit d’un remaniement politique qui met en scelle,
pour la première fois, le parti au pouvoir. Et ce au moment où l’on a les
élections législatives et municipales en perspective et à quelques mois du
lancement de la précampagne présidentielle de 2014.
L’UPR
fait main basse sur la communication : le directeur de l’Agence d’information
est un secrétaire exécutif du parti, comme le directeur adjoint de la TVM dont
le boss est membre du Conseil national du parti. Ce qui ne veut pas forcément
dire que le Président a décidé de reprendre en main un secteur qui n’arrive pas
à s’affranchir de l’autorité de l’Exécutif. L’un des acquis sous l’exercice de
Me Ould Mahjoub aura été justement l’institution de lois et règlements
transformant les médias «officiels»
en «service public». C’est avec lui
qu’il ya eu aussi la libéralisation de l’audiovisuel, la dépénalisation du
délit de presse, l’institution de l’aide publique à la presse privée, la loi
régissant la presse électronique… Même si l’ouverture des médias publics reste
timide, elle a quand même été amorcée ces derniers mois. Plus ou moins bien.
C’est
le challenge qui attend Ould Horma dans l’immédiat : pouvoir donner le
gage que la volonté politique d’ouverture est réelle et qu’elle doit être
accélérée pour permettre aux différents acteurs de s’exprimer sans difficulté
et en toute équité. Pour ce faire, il ne doit pas perdre de temps à savoir
comment, il doit accélérer le processus déjà en cours en s’adressant
directement aux acteurs pour leur réaffirmer cette volonté de n’oublier
personne.
En
moins de cinq semaines, le Président Ould Abdel Aziz a, par deux fois amené du
sang neuf «dans» son gouvernement. Pas
assez cependant pour y voir un réel changement de cap ou une ouverture. En effet,
si l’on veut continuer dans la logique du dialogue dont les conclusions ont
permis de mettre en place la CENI, laquelle a fixé un deadline pour les
élections municipales et législatives, il faut bien agir sur d’autres leviers
dont l’intérieur. C’est pour quand ?