Kim Yong-un a remplacé son père Kim Yung-il à la tête de la Corée du Nord. Le père est mort à l’âge de 69 ans, le fils accède au «trône» à 26 ans. Le père a hérité ce «trône» de son père Kim Il-sung, lui-même fondateur et premier président de la Corée du Nord. Il a régné près d’un demi-siècle avant d’être remplacé par son fils en 1994.
Vous entendrez ces jours-ci beaucoup sur cette dictature que l’on hérite de père en fils. On vous dira certainement que c’est le modèle nord-coréen qui a inspiré Hafedh El Assad en Syrie, Husni Mubarak en Egypte, Zeine el Abidine en Tunisie, Omar Bongo au Gabon et autres. Mais parce que personne ne s’attardera sur les fortes relations que nous avions eues avec ce pays et ce régime, je m’en vais rappeler ce que j’en sais encore.
Au milieu des années 70, les relations sont si fortes qu’elles nous valent la présence, pour quelques jours, de Kim Il-sung à Nouakchott. Il fut hébergé dans la villa de passage qui était en fait la seule maison appartenant à la famille du Président Mokhtar Ould Daddah, lequel avait préféré la laisser à la disposition des autorités pour y héberger les hôtes de marque. Nouakchott était encore une cité, certes propre et coquette, mais sans grands immeubles, sans le frasque qui allait la caractériser à partir des années 80.
Les enfants de l’époque se racontaient que Kim Il-sung rassemblait sa délégation à l’ombre des grands arbres qui sont encore là, pour passer le temps. On supposait qu’ils discutaient de chose et d’autre. Mais on remarquait que les autres ne riaient jamais en même temps que le «Président éternel», le «professeur de l’humanité tout entière» (c’est comme ça qu’il était surnommé par son appareil de propagande). On s’amusait beaucoup à regarder ces «poupées» qui se déplaçaient dans une harmonie parfaite et qui semblaient avoir trouvé le chemin du bonheur éternel.
De ces années, est née l’usine d’habillement : la Sonaco (société nationale de confection), actuel centre féminin situé non loin du marché ayant son centre de production à El Mina (revendu plus tard à l’ouguiya symbolique). Ce sont aussi les Coréens (du nord) qui organisèrent le défilé du 15ème anniversaire de l’indépendance nationale. Mais la lune de miel ne dura pas à cause de la guerre du Sahara. Les nord-coréens préférant soutenir le mouvement indépendantiste sahraoui.
Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de Ould Haidalla pour relancer ces relations privilégiées. Lui-même ira en Corée du Nord d’où il ramènera l’idée des Structures d’éducation de masses (SEM). Un embrigadement à la communiste qui visait à organiser les populations et qui sera le bras séculier de l’époque CMSN. Plus tard les SEM se mueront en PRDS.
Je ne sais pas exactement quand nos relations ont été définitivement coupées avec la Corée du Nord. Mais je me souviens très du jour où les drapeaux de la Corée du Sud ont remplacé ceux du nord. On disait à l’époque, et je crois que c’est vrai, que les armateurs qui commençaient à avoir leur mot à dire dans la gestion du pays, avaient plus de relations avec le Sud qu’avec le Nord. Ils auraient poussé les autorités vers cette orientation. En effet à partir de la fin des années 80, c’est bien la maffia sud-coréenne qui va régner en maître sur la ressource halieutique mauritanienne. Bien sûr que c’est avec la complicité des opérateurs dans le secteur… mais ça c’est une autre histoire.
Ceci dit, cette relation a été l’expression de l’indépendance de la diplomatie mauritanienne. Chaque fois que cette diplomatie a diversifié ses orientations, cela a été porteur pour le pays. Le contraire a signifié l’isolement.
Le fait de recevoir aujourd’hui une grande délégation iranienne, d’entretenir les meilleures relations avec les Etats-Unis et les pays du Golf, d’aller en Algérie et d’avoir de bonnes relations avec le Maroc, d’être à égal distance de tous nos frères voisins, de nos amis traditionnels… tout cela promet une vision plus équilibrée du monde et probablement moins d’extravagance dans les positions.