Je
suis chaque fois surpris par l’arrogance de certains acteurs de l’espace
médiatique et politique, une arrogance qui se double d’un manque de scrupule
évident.
Quand
un homme politique réduit l’action de son parti à la défense des intérêts d’une
famille. Qu’il avoue, après avoir tourné autour du pot bien longtemps, que son
aigreur vis-à-vis du régime s’explique par la volonté de celui-ci de viser une
famille, une tribu…
Quand
un homme politique s’impose en moralisateur et qu’il bâtit toute sa démarche
sur ses ressentiments personnels, ses frustrations personnelles, son rapport
personnel à l’Autorité. Quand il veut légitimer son ressentiment personnel, sa
mésaventure personnelle, et l’effet de sa disgrâce personnelle, par un
engagement soudain dans le combat qui concerne tout un chacun.
Quand
un homme politique qui a roulé pour tous les régimes, participé directement et
indirectement à la sape du projet démocratique, au pillage des ressources, aux
exactions commises sous la dictature…, quand cet homme parle aujourd’hui comme
s’il avait, depuis toujours, combattu l’arbitraire.
Quand
un journaliste fonde son information sur la rumeur, s’empresse de la donner, de
la commenter, d’en tirer les conclusions. Quand il se met au service d’un ou de
plusieurs lobbies. Quand il signe des textes écrits par d’autres en vue de
servir des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général. Quand il
est payé par des services officiels et/ou particuliers (privés, groupes
politiques…). Quand il se sert de sa position pour servir sa tribu, sa région,
son ethnie…
Quand
un religieux – faqih ou autre – justifie les arbitraires, les inégalités, les
injustices. Quand il refuse de les dénoncer. Quand il préfère s’en prendre au
corps social le rendant responsable de toutes les dérives, de toutes les
hérésies. Quand il n’a d’autre combat que celui qu’il dirige contre la femme,
contre l’émancipation individuelle et finalement contre la Modernité.
…On
ne peut parler de courage mais de couardise. Dire NON ne relève pas
obligatoirement du courage. Dire NON ne demande pas toujours – et surtout pas
maintenant – du courage. N’importe qui dit aujourd’hui NON à n’importe quoi.
Parfois à la chose et à son contraire à la fois.
Dans
la bouche de ceux qui nous couvrent d’une cacophonie indescriptible et qui
veulent parasiter, intoxiquer, détruire toute espérance en un lendemain
meilleur, le NON procède de la lâcheté. Après avoir béni la pire des
situations, après avoir participé au sac organisé du pays, après avoir
contribué à la corruption des mœurs, à la prédation, aux orgies collectives,
après avoir mangé aux râteliers de différents oppresseurs, quelle crédibilité
peut-on encore accorder à ce que disent ces gens-là ?
Le
courage c’est de rester les yeux ouverts, en tous temps, en tous lieux. De dire
exactement ce qu’on pense, de le défendre… comme disent «ceux de par là»,
de dire ce qu’il faut au moment qu’il faut.
Courage,
abnégation, sacrifice… des valeurs que notre élite a cessé de cultiver (si elle
n’a pas cherché à les détruire). Des valeurs qui subissent aujourd’hui le coup
de grâce. Avec tous ceux qui prétendent moraliser, sauver, dénoncer, révéler,
redresser… et qui ne font que décrédibiliser la vérité, trafiquer la réalité,
instrumentaliser les causes légitimes…
Dans la culture hassaniya, on évoque souvent «ceux
qui volent avec les voleurs et pistent avec les pisteurs». C’est bien de
ces gens-là que je parle.