L’interdiction d’importer les véhicules usagers dans un
pays comme le nôtre est plutôt surprenante. L’on invoque des raisons de «pollution»
alors que les usines de farine de poisson portent plus préjudice à l’environnement
et que rien n’est fait pour éloigner cette menace. L’argument environnemental
ne tient pas.
Le commerce des véhicules «anciens» (usagers) permet
au Mauritanien à revenu intermédiaire de pouvoir acquérir un véhicule
utilitaire à sa portée. Grâce au système de transport urbain, il permet d’avoir
une flotte de taxis, de camions, de bus qui peuvent être utilisés dans les
échanges entre les régions d’un vaste pays en cours de maillage routier.
Il est au centre d’un réseau économique qui fait vivre des
milliers de Mauritaniens : de ceux qui achètent les voitures en Europe, à
ceux qui les convoient jusqu’ici, en finissant entre les mains de ceux qui les
revendent ici ou sur les marchés voisins, on peut compter des milliers de
jeunes qui n’auraient pas trouver d’autres débouchés que celui-là.
En épluchant les raisons, il n’y a qu’une seule qui tienne :
vouloir imposer aux utilisateurs l’achat de véhicules auprès des
concessionnaires de grandes marques. Qui peut acheter ces véhicules ?
pourquoi les pouvoirs publics veulent-ils ouvrir une manne à des opérateurs qui
pèsent déjà sur le budget de l’Etat (le prix des voitures vendues aux
administrations et leur entretien par le concessionnaire) ?
On devait – on pouvait – prendre des mesures pour organiser
le marché : imposer un circuit de transfert d’argent qui permettrait de
surveiller l’argent utilisé pour avoir un traçage de cet argent ; empêcher
la mise en vente de véhicules volés en Europe sur le marché national par un
contrôle plus rigoureux ; identifier et encadrer les filières ;
limiter et formaliser l’activité du marché des voitures… beaucoup de choses qui
auraient dû être faites depuis longtemps, sans interdire carrément une activité
qui profite finalement à des milliers de Mauritaniens qui n’ont d’autre
ressource que celle-là.