On
est passé à la deuxième phase du dialogue, celle qui devait déterminer le
chronogramme à suivre pour arriver à un accord. Ceux du Forum national pour la
démocratie et l’unité (FNDU) ont proposé un délai allant jusqu’au 1er
mai, alors que les deux autres pôles ont demandé à tout finir au plus tard le
20 avril.
Derrière
ce premier écueil se cache la volonté des uns de faire dépasser le délai légal
de convocation du collège électoral, date qui doit être obligatoirement le 21
avril. Ce n’est pas la seule «manœuvre» de l’une ou l’autre des parties.
Même la base sur laquelle est engagé le dialogue relève d’un quiproquo plus ou
moins voulu.
Pour
le FNDU, il s’agit de dialoguer directement avec le Pouvoir. Ils ont exprimé ce
désir en insistant sur la présence de membres du gouvernement : c’est la
raison de l’entrée en scène de Me Sidi Mohamed Ould Maham, ministre de la
communication par ailleurs premier vice-président de l’Union pour la République
(UPR), le parti au pouvoir. Le renforcement de la délégation par la présence du
ministre de la Justice, Sidi Ould Zeine, n’a pas changé la donne parce que Me
Ould Maham est resté président de la délégation de la Majorité.
«Ce
n’est pas avec la Majorité encore moins l’UPR que nous voulons discuter, mais
avec le Gouvernement. Quand on voit la composition de la délégation on comprend
qu’on refuse d’accepter que le FNDU n’es pas là pour faire face à un autre pôle
(CAP, ndlr) ou un groupe qui ne peut rien décider». Le commentaire va plus
loin : «tant qu’on ne revient pas au respect de la préséance dans le
gouvernement, on croira toujours qu’on veut nous imposer une structure dont on
ne veut pas». Autrement dit, c’est Sidi Ould Zeine qui devait diriger la
délégation pour le dialogue pour convaincre le FNDU qu’il discute avec le
gouvernement et non ses «ombres».
En
plus de ce niveau d’«incompréhensions» et manœuvres plus ou moins dilatoires,
il y a eu l’épisode de la confection des délégations qui a vu les trois pôles
obligés d’élargir le nombre de leurs représentants à 11 au lieu de 7 prévus
initialement. Tout ça pour permettre à toutes les tendances d’être
représentées. Si le groupe n’avait pas été élargi, certaines personnalités n’auraient
pas fait partie du conclave.
Autre
remarque équivalent à un quiproquo, c’est le fait de se retrouver ensemble, en
train de décider pour nous à un moment crucial de l’histoire politique du pays,
les plus caciques du défunt PRDS (parti républicain social et démocratique au
pouvoir de 1991 à 2005, responsable de tous les déboires du pays durant tout ce
temps). Revoyons les listes des représentants des trois pôles aujourd’hui en
conclave :
Pour
la Majorité : Me Sidi Mohamed Ould Maham, Sidi Ould Zeyne, Zeynebou
Diallo, Mohamed el Mokhtar Ould Zamel, Sidina Ould Didi, Mohamed Ould Babana,
El Moudir Ould Bouna, Ethmane Ould Eboulmaali, Beyta Allah Ould Ahmed Leswad,
Mohamed Val Ould Youssouf, Samory Alassane ;
Pour
le FNDU : Yahya Ould Ahmed Waqf, Saleh Ould Hanenne, Lô Gourmo Abdoul,
Ahmed Ould Lafdhal, Mohamed Ould Bourbouç, Cheikhani Ould Boybe, Mohamed
Val Ould Belal, Sarr Mamadou, Niang Amadou (CGTM), Samory Ould Beye
(CLTM), Mohamed Ahmed Ould Salek (CNTM) ;
Pour
la CAP : Abdessalam Ould Horma, Emanatoullah Ould Bakh, Idoumou
Ould Abdi, Ahmed Khayrou, Sidi Mohamed Ould Abidine, Mokhtar Ould Haye, Ladji
Traoré, Ahmed Ould Abdallahi, Mohamed Ould Yarg, Mohamed Lemine Ould Kettab.
On se connait entre nous, vous allez excepter au
maximum six personnes, tous les autres ont, à un moment ou un autre, soutenu l’arbitraire,
exercé l’injustice, couvert les malversations, justifié les dérives
autoritaristes… Tous ceux-là ont toujours combattu la démocratie et les valeurs
humanistes qui doivent animer une société démocratique…
C’est dire que les Mauritaniens ont mis en risque l’avenir
de la démocratie… Espérons quand même qu’il en sorte quelque chose.