Si
l’on s’en tient à la réalité du parcours de Me Diabira Maaroufa, le nouveau
Président du FNDU, on dira qu’il fait partie de cette classe politique qui a
fait ses chemins aux temps où «le politiquement correcte» imposait aux
opérateurs mauritaniens un minimum de cosmopolitisme et d’ouverture sur le
vis-à-vis.
Me
Maaroufa n’a jamais déserté la scène depuis les années 60, même s’il est
parfois entré dans une clandestinité qui donnait l’impression d’une hibernation
prenant parfois beaucoup de temps. Son nom est lié aux mouvements revendicatifs
des années 60 et 70, sans faire partie des figures emblématiques du mouvement
des Kadihine ou de ceux des nationalistes noirs. Il est resté un inspirateur à
distance. Jouant un rôle déterminant dans les organisations estudiantines noires.
Sans pour autant verser dans l’excès nationalitaire.
Il
sera ministre de la justice puis de l’industrie de Mohamed Khouna Ould
Haidalla. Sa force de caractère l’oblige à quitter le gouvernement. Il revient
à sa profession et devient Bâtonnier de l’Ordre national des avocats de
Mauritanie. Il défend les prisonniers d’opinions dans quelques procès à
retentissements politiques.
Les
années Ould Taya en font une personnalité centrale dans la lutte pour les
droits. Il signe quelques-unes des pétitions demandant la démocratisation de la
vie et l’apurement des dossiers humanitaires. Il devient président du Groupe de
recherches et d’études pour la démocratie et le développement social, GREDDS,
section Mauritanie. L’homme politique glisse lentement vers l’action
humanitaire. Ce qui l’oblige à plus de consensualisme, donc plus d’ouverture,
plus de prédispositions au dialogue… C’est donc un homme de dialogue qui est
choisi pour diriger le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU).
Même si diriger un tel conglomérat ne veut pas dire en tenir les rênes… Surtout
que…
Nonobstant
ce portrait, certes sommaire, mais collant plus ou moins à la réalité de
l’homme Diabira Maaroufa, l’opinion publique mauritanienne en a une autre
image. Beaucoup moins prestigieuse que la simple réalité. De tout temps,
l’homme a fait l’objet d’attaques.
De
la part de ses confrères qui ont toujours insisté pour dire qu’il n’a défendu
que dans les dossiers où «il se sentait concerné» : «Aux procès
de 1986 et 87 où les cadres noirs étaient mis en cause, au procès de 2003 où le
Président Ould Haidalla dont il a été ministre avait été mis en cause». Pour
eux, «l’avocat devenu Bâtonnier par défaut pour quelques mois (après la
nomination du Bâtonnier Ahmed Killy Ould Cheikh Sidiya, trois tours n’ont pu
départager Mes Yahya Ould Abdel Qahar et feu Diagane Mamadou, ndlr) a
toujours évité la confrontation directe avec les autorités».
De
la part de ses compagnons de lutte qui ne lui ont jamais pardonné ses velléités
de leadership et sa force de caractère. Cela se traduit en terme de
classification par «Diabira Maaroufa est un animiste qui ne croit en rien,
profondément sectaire en plus».
De
la part de ses adversaires politiques de l’époque, nationalistes arabes,
militants du Mouvement national démocratique (MND), Kadihines et autres, pour
lesquels «il n’a jamais été autre chose qu’un raciste nationaliste étroit».
En
concert ou non avec les autorités, les détracteurs de Me Diabira Maaroufa ont
réussi à coller des clichés «diaboliques» à la personne. Si bien que l’image
qu’il a reste très imprécise et très controversée.
Le
premier challenge du nouveau Président du FNDU est aujourd’hui de se refaire
une image plus proche de sa réalité. Ce sera difficile quand on voit qu’il est
au milieu de ceux qui ont dépensé toutes leurs énergies pour diaboliser l’homme
et son combat. Entre confrères, compagnons, adversaires
politiques d’antan, administrateurs, responsables de renseignements,
idéologues au service… à la proie d’hier de prendre le dessus aujourd’hui… en
sachant que les réflexes et les relents sont restés les mêmes.