Ici gît quelqu’un que j’ai aimé… M’Barka, ma tante qui a été plus qu’une
mère pour moi… Le souvenir de cet être m’habite toujours. A des moments plus
que d’autres, dans des lieux plus que d’autres…
Elle repose ici au milieu de ceux qu’elle a aimés… tous rassemblés autour
de l’Emir Mohamed Fall Ould Oumeïr qui avait demandé à être inhumé auprès de
son chef spirituel, Lemrabott Mohamed Salem Ould Elouman… Pour inscrire cette
relation dans le chapitre de l’éternité… Les deux hommes étaient liés. Très
liés.
On raconte que quand l’Emir revint du Maroc, il rendit visite à son Shaykh
avec lequel il s’entretint près de trois heures durant. Les gendarmes qui
surveillaient l’homme voulurent savoir de quoi ils ont parlé. Lemrabott devait
déclarer : «Vous savez, je ne me souviens pas un moment où, tous les
deux nous avons parlé des choses ici-bas…»
L’école d’Ehl Elouman, très prestigieuse dans l’aire Bidhâne pour l’excellence
des savoirs qui y sont dispensés, a eu le grand rôle dans la revivification du
fiqh originel (el ouçoul) dans cette partie de l’espace sahélo-saharien. Aussi dans
le renforcement de l’influence de la Chadhiliya, l’une des confréries qui ont
rayonné sur cet espace contribuant à ancrer et à populariser la culture
islamique.
L’Emir, révolutionnaire de gauche, a trouvé en cet homme une inspiration et
un soutien qu’il a voulu consacrer à jamais en choisissant de faire de
Tendegsemi une dernière demeure. Il a été rejoint par ceux qui l’ont aimé :
sa mère Meryem Mint Sidi Moyla, ses sœurs Fatimetou Mint El Hacen et Toutou
Mint Ahmed Ledeyd, son frères Sidi Ould Ahmed Ledeyd, M’Barka Mint Boubacar
Ciré, Aïcha Mint N’Djiaak, Mohamed Val Ould Boubacar Ciré, Mohamed Ould Brahim
Khlil, Sidi Ould Jelledi, Marième Mint Salem Ould Ahmed Lembarek… qu’Allah les agrée tous en son Saint Paradis.
Une petite colonie, un morceau du Mahçar bien incrusté au milieu d’une très
grande aura, celle de cette famille qui semble avoir adopté et entouré de sa
bienveillance cette Jema’a.
On ne guérit pas de l’enfance,
a dit quelqu’un. Difficilement en tout cas. Ici, c’est un grand voyage
intérieur qui provoque chez moi une profonde introspection sur la vie, sur le
rapport à la mort. Les tombes de ceux qui sont là, ceux que j’ai connus et aimés,
m’enseignent que nos ainés savaient préparer leur mort pour en faire une étape
de la vie. Ultime accomplissement.