A
voir les commentaires diffusés çà et là dans les media occidentaux et arabes,
on ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire ironique. Personne ne semble
accepter qu’en Iran, l’alternance par les urnes est aussi possible, surtout qu’elle
amène au pouvoir un «modéré». Personnellement
je ne sais pas ce que «modéré» peut
vouloir dire dans le pays des Ayatollahs, mais à partir des commentaires, j’ai
cru comprendre qu’il s’agit d’un homme moderne qui pourrait avoir une ouverture
sur le reste du monde, notamment occidental. Même si avoir ces prédispositions
ne signifie pas nécessairement être un «homme
moderne», c’est quand même bien que ce pays ne soit pas dirigé par un
guerrier toujours prêt à tenir les propos les plus extrêmes pour satisfaire on
ne sait quel relent de violence.
Les
«puissances arabes» ne doivent pas
apprécier l’issue heureuse de cette élection présidentielle. Dans son
environnement géographique arabe, aucun des pays n’a connu une pareille
évolution. Même pas en Irak où les Américains sont venus imposer la démocratie…
même ici, c’est une oligarchie Chiite qui règne en maître absolu, commanditant
assassinats politiques et confessionnels, pillant les ressources, cultivant la
haine… Des monarchies, ne parlons pas.
Peu
de lumières ont été braqués donc sur l’évènement qui va pourtant bouleverser
les cartes de la région.
Tout,
absolument tout, s’est construit ces dernières années sur l’opposition à l’Iran
nucléaire et guerrière de Mahmoud Ahmadinejad. Les alliances entre certaines
monarchies et les Occidentaux, le soutien aux rébellions et aux groupes armés,
y compris ceux qui sont proches d’Al Qaeda, les regroupements régionaux…
Dans
ce jeu d’influence, les monarchies du Golfe se proposaient – se proposent
toujours – d’étouffer l’Iran en attendant l’assaut final que les Etats-Unis et
Israël voulaient – veulent encore – entreprendre contre ce pays. En attendant,
le théâtre où s’affrontent les protagonistes est celui qui se passe en Syrie.
Avec
l’entrée en jeu du Hezbollah libanais du côté du pouvoir et de l’armée
régulière, on s’est vite acheminé vers une confrontation entre les véritables
belligérants de la zone du Moyen-Orient : Israël et l’Iran. On a vu que
les bombardements israéliens répétés contre la Syrie ont eu pour prétexte de
prétendues armes qui pourraient être utilisées contre Israël à partir du Sud
Liban. En fait le seul «ennemi» que l’Etat
hébreux craint et pour lequel il a de la considération, est bien le Hezbollah. Tout
affaiblissement du mouvement chiite sert Israël d’abord, ses alliés ensuite.
On est mal à l’aise en Occident et dans le Monde arabe
quand on parle de cette élection qui a permis le passage de Hassan Rohani, le plus
«modéré» des candidats, le moins
attendu visiblement… pour qui ? Seulement pour ceux qui construisaient une
image de l’Iran, une image négative d’un pays qui sombre sous la dictature et
dont les biens servent à soutenir les économies occidentales par des
investissements aussi faramineux qu’inutiles (achat de clubs de football,
construction d’immeubles dans les grandes métropoles européennes, acquisition d’îles
touristiques, de yachts, de casinos, de harems… dans un pays comme celui qui
nous est décrit quotidiennement, on ne peut parler de démocratie, ni d’élection
libre et transparente. Même si cela arrive.