Qui
a dit que la lutte contre le terrorisme, contre Al Qaeda en particulier, a
réussi à endiguer le phénomène ? Il y a eu certes quelques victoires,
notamment la neutralisation de grands chefs dont le plus célèbre de tous Usama
Ben Laden et quelques autres grosses pointures de la nébuleuse. L’utilisation
excessive des drones et des bombardements parfois aveugles, provoque de
nombreux dommages collatéraux qui ajoutent à la haine que les populations
nourrissent vis-à-vis des Occidentaux. Un cercle vicieux, les assassinats
ciblés exacerbant les colères et favorisant de nouveaux recrutements de
combattants.
Quand
a lieu l’attaque du 11 septembre 2001, ce fut l’occasion de lancer «une
guerre globale» qui a permis à l’Amérique de la bande à Bush de repartir à
la conquête du monde pour en contrôler les richesses et les réseaux financiers.
L’occupation de l’Afghanistan, puis de l’Irak et le chao qui s’en est suivi
dans tous les pays arabes et musulmans de la région asiatique et africaine.
Depuis
le départ de George W. Bush et de sa bande d’excités impérialistes, les
Etats-Unis se sont retirés de l’Irak, en partie de l’Afghanistan, entamé un
dialogue avec les franges «modérées» de l’Islamisme militant, encouragé
et accompagné certaines «révolutions populaires», promis de fermer
Guantanamo, tué Ben Laden et quelques-uns des chefs d’Al Qaeda… sans pour
autant arriver à bout de l’activité de l’organisation. Au contraire.
Du
Sahel au sud-est asiatique, voire en Europe et en Amérique, la nébuleuse
continue à tisser ses toiles, à mobiliser, à recruter, à avoir des émules qui
épousent ses méthodes et la philosophie de son combat. Qu’on parle ici ou là de
«loups solitaires», d’«associations en vue d’activités terroristes»,
le résultat est le même : une menace constante d’opération kamikaze de
plus ou moins grande envergure ici ou là. Une manière de perturber la quiétude des
Etats et des sociétés.
Il
y a quelques années, Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) menait des actions en
profondeur en Mauritanie, enlevant ici et assassinant là, sans discernement
mais toujours méticuleusement. La réhabilitation des forces armées et de
sécurité et leur remise à niveau a permis à la Mauritanie justement de mettre
fin à cette situation de menace constante. La réactivation de bases aux
frontières, la création de groupements spécialisés dans la lutte contre le terrorisme,
l’engagement sur le terrain d’opérations réussies contre les groupes armés dans
le Nord du Mali, la délimitation de zones militaires interdites, la
surveillance accrues de ces frontières, la mise en collaboration des
populations dans le renseignement humain… le tout a permis aux Mauritaniens d’éviter
d’être «happés» par le chao malien et de devenir un sanctuaire
alternatif aux groupes criminels installés dans l’espace sahélo-saharien.
L’intervention
française au Nord Mali a certes permis à ce pays de recouvrer sa souveraineté
sur une bonne partie de son territoire, mais au fond elle n’a pas réglé l’essentiel :
la rébellion et l’activisme des groupes criminels dans la zone. Un travail de
profondeur reste à faire et seuls les Maliens peuvent eux-mêmes l’entreprendre
avec l’aide des pays du champ. C’est probablement le sens des dernières sorties
du Président Ibrahim Boubacar Keita du Mali qui s’est rendu successivement en
Mauritanie et en Algérie.
Il
y a un an - un peu plus – le groupe Belmokhtar menait une action d’éclat à Aïn
Amenas en Algérie. Une opération qui devait aboutir à un bain de sang sans précédent
et qui a permis à l’organisation AQMI – à sa branche saharienne – d’occuper la
scène médiatique quelques jours durant. Ces actions ont certes pour objectifs
de faire mal à l’ennemi en démontrant qu’on existe encore, mais aussi d’attirer
de nouvelles recrues. Combien de Jihadistes ont-ils été recrutés depuis ?
quelles nationalités ouest-africaines ? combien d’Européens et d’Américains
sont-ils venus suivre l’exemple des Canadiens ? et surtout, la grande
question : à qui le tour ? quel pays sera visé prochainement ?
où AQMI va-t-elle faire preuve de puissance ? et de quelle manière ?
Des
questions qu’il faut poser tant que le sort des chefs d’AQMI n’est pas
définitivement connu…